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Quatrième de couverture :

Londres, 1944. La Luftwaffe donne son assaut final sur la capitale britannique déjà exsangue et les Londoniens se précipitent dans les abris souterrains. Au milieu du chaos, un bras coupé est exhumé par un groupe d’enfants jouant sur un site bombardé de l’East End. Le sergent détective Frederick Troy, de Scotland Yard, parvient à relier cette découverte à la disparition d’un scientifique de l’Allemagne nazie. Il met au jour une chaîne de secrets menant tout droit au haut commandement des Alliés et pénètre les mystères d’un monde corrompu, peuplé de réfugiés apatrides et d’agents secrets.

Autant le dire d’emblée, Black-out est un bon « page-turner » qui m’a fait passer un excellent moment dans le Londres dévasté de mars à juin 1944. Grâce à la géographie sans faille de John Lawton, on se repère sans difficulté dans les rues démolies, les tas de gravats et les abris de fortune de la capitale anglaise. On côtoie des Londoniens populaires, des gens disciplinés et même un peu bornés, qui supportent sans broncher ou presque les affres du rationnement et des bombardements violents de la Luftwaffe, tandis que les préparatifs du Débarquement sont de plus en plus sensibles. C’est dans ce contexte que des enfants découvrent un bras coupé dans les décombres de Stepney. Et c’est ainsi que le sergent Frederick Troy entre en scène pour une enquête qu’il devra toujours mener sous le manteau, tant les indices sont ténus et surtout parce que les fils de l’énigme conduisent à des opérations secrètes d’exfiltration de réfugiés (je ne vous en dis pas plus, of course).

C’est passionnant à plus d’un titre. La personnalité de Troy n’est pas le moindre des attraits du roman : issu d’une aristocratique lignée russe mais né sur le sol anglais et élevé dans les meilleurs établissements privés (ça me donne envie de renouer avec le sergent Havers et l’inspecteur Linley), le jeune détective confronte son accent châtié et sa vive intelligence à des collègues parfois un peu lents aux allures plus rustiques. Il peut compter sur le soutien indéfectible de son adjoint Jack Wildeve et celui, plus aléatoire, de son supérieur direct, le commissaire Onions. Il est évidemment très pudique et très coincé dans certaines circonstances… féminines, mais rassurez-vous, ça va s’arranger et surtout il est doué d’un irrésistible flair pour les embrouilles et autres traquenards. Mais la chasse aux criminels, c’est son ADN, comme on dirait aujourd’hui.

Le contexte historique m’a beaucoup intéressée aussi : les derniers mois avant le jour J, où on sent les Anglais ordinaires à bout et où les gens de la haute continuent d’intriguer, où les pouvoirs politique et militaire envisagent déjà l’après Débarquement et les alliances à nouer, on sent déjà pointer la guerre froide et l’indéracinable indépendance britannique et on admire le courage d’un simple sergent de Scotland Yard dont on se demande comment il se retrouve à la fois le jouet et l’instrument de puissances obscures.

Les personnages secondaires ne sont pas mal non plus et participent tout autant à l’enquête qu’au portrait de l’époque. Si je voulais pinailler un peu, j’ajouterais que j’ai trouvé un peu bizarre que Troy raconte tant de choses à Tosca et que je ne suis pas sûre d’avoir compris complètement les motivations de Lady Diana (eh oui, il y en avait déjà une en 1944 à Londres) mais ce ne sont que de petits bémols qui n’enlèvent rien au plaisir de lecture. Le deuxième tome des aventures de Troy, Retour de flammes, vient de paraître début avril chez 10/18 et il y est toujours question d’espionnage. M’est avis qu’on va retrouver Tosca à Londres et ça ne me déplaît pas du tout !

John LAWTON, Black-out, traduit de l’anglais par Anne-Marie Carrière, 10/18, 2015

Rendez-vous à Londres pour commencer ce Mois anglais et une première participation aux British Mysteries.

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