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La dame avait une robe
En ottoman violine
Et sa tunique brodée d’or
Était composée de deux panneaux
S’attachant sur l’épaule
Les yeux dansants comme des anges
Elle riait elle riait
Elle avait un visage aux couleurs de France
Les yeux bleus les dents blanches et les lèvres très rouges
Elle avait un visage aux couleurs de France
Elle était décolletée en rond
Et coiffée à la Récamier
Avec de beaux bras nus
N’entendra-t-on jamais sonner minuit
La dame en robe d’ottoman violine
Et en tunique brodée d’or
Décolletée en rond
Promenait ses boucles
Son bandeau d’or
Et traînait ses petits souliers à boucles
Elle était si belle
Que tu n’aurais pas osé l’aimer
J’aimais les femmes atroces dans les quartiers énormes
Où naissaient chaque jour quelques êtres nouveaux
Le fer était leur sang la flamme leur cerveau
J’aimais j’aimais le peuple habile des machines
Le luxe et la beauté ne sont que son écume
Cette femme était si belle
Qu’elle me faisait peur
Guillaume APOLLINAIRE, Alcools, 1913
En mars 2019, le Printemps des poètes a pour thème la Beauté.
Un interdit qu’on a érigé soi-même, qu’il est beau de le rêver abattu. Mais alors… que se passerait-il?
A toi d’imaginer la suite du poème 😉
C’est très beau et même temps cela provoque aussi pas mal de réflexions sur cette femmes, son statut, et comment elle est perçue. Pourquoi fait-elle peur au fond.
Parce que c’est une maîtresse femme ? 😉
Oui, tu as raison, peut-être. mais le fait qu’elle lui fasse peur. Cette peur de cette féminité éclatante.
Comme je le disais à Aifelle, que de réflexions à partir de ce poème… C’est chouette.
Trop belle pour lui ? Ou trop femme du monde ?
Décidément ce poème suscite des questions 😉
Déjà, porter une « robe d’ottoman violine »… et tout est dit sur la beauté.
Bonne journée.
Marie – Blog Bonheur du Jour
Bonne journée