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Présentation de l’éditeur :

En Afrique centrale durant la Première Guerre mondiale, l’aviateur Gaston Mercier, lieutenant de l’armée royale belge, est chargé de couler un cuirassé allemand sur le lac Tanganyika. Pour en découvrir la position exacte, on lui assigne un guide un peu particulier… Ce dernier, un métis énigmatique en kilt qui semble beaucoup plus instruit que les autres autochtones, prétend être le fils du célèbre explorateur David Livingstone. Petit à petit, alors que la guerre entre puissances coloniales belge et allemande fait rage au cœur du continent noir, le jeune pilote belge va essayer d’en apprendre un peu plus sur l’histoire de cet homme qu’on appelle « Madame Livingstone ».

S’appuyant sur un récit d’Apollo, Christophe Cassiau-Haurie mêle ici aventure et amitié sur fond de Première Guerre mondiale en Afrique. L’exotisme des lieux y est magnifiquement restitué par le dessin de Barly Baruti, en couleurs directes. L’album sera en outre prolongé d’un cahier bonus de 16 pages éclairant sur le contexte historique.

Alors qu’une partie des personnages de cet album (les « coloniaux » et leurs « boys » congolais) ne dépareraient pas dans Tintin au Congo et ses relents colonialistes et racistes, nous assistons à une rencontre tout à fait inattendue entre un aviateur belge et un guide congolais, tous deux assez atypiques. Une rencontre qui va faire « bouger les lignes » à tous points de vue, enfin presque : grâce aux recherches et aux renseignements fournis par l’aviateur et son guide, les Belges vont porter le combat européen de 14-18 au coeur de la région des Grands Lacs (j’ai pensé aussi à la partie « guerrière » du film Out of Africa) tandis que l’homme Gaston Mercier va évoluer, changer au contact de celui qui lui révélera plus ou moins explicitement les exactions commises par les colons belges dans sa région d’origine. Le « cahier » qui complète la BD à la fin de l’ouvrage explique la réalité historique sous-jacente et achève de nous édifier si besoin était. Bref, une belle rencontre, non dénuée d’humour ni de magie, sur un fond historique original.

Mais Madame Livingstone n’est pas qu’une bonne aventure, c’est aussi un bonheur pour les yeux :  des planches aux cases assez larges pour les passages dialogués, un découpage plus serré pour les pages sans paroles, un dessin à la fois élégant, fin et puissant, une richesse de détails sur les visages, la végétation, la faune, les habitations coloniales et des couleurs somptueuses, sans doute réalisées au crayon aquarellé, à l’écoline et à la plume et qui laissent apparaître le grain épais du papier, elles sont parfois très vives, un feu d’artifice sur la page, et parfois elles créent un univers sombre, des nuits africaines peuplées de visages et d’ombres mystérieuses.

Une vraie réussite !

Barly BARUTI (dessins et couleurs) et Christophe CASSIAU-HAURIE (textes), sur un récit de APPOLLO, Madame Linvingstone – Congo, la Grande Guerre, Glénat, 2014

A visiter pour accompagner la BD l’expo Notre Votre Congo. La propagande coloniale belge dévoilée, au Musée BELvue à Bruxelles, jusqu’au 30 novembre.

Poppy Thiepval

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