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Et ce Londres de fonte et de bronze, mon âme,
Où des plaques de fer claquent sous des hangars,
Où des voiles s’en vont, sans Notre-Dame
Pour étoile, s’en vont, là-bas, vers les hasards.
Gares de suie et de fumée, où du gaz pleure
Ses spleens d’argent lointain vers des chemins d’éclair,
Où des bêtes d’ennui bâillent à l’heure
Dolente immensément, qui tinte à Westminster.
Et ces quais infinis de lanternes fatales,
Parques dont les fuseaux plongent aux profondeurs,
Et ces marins noyés, sous des pétales
De fleurs de boue où la flamme met des lueurs.
Et ces châles et ces gestes de femmes soûles,
Et ces alcools en lettres d’or jusques au toit,
Et tout à coup la mort parmi ces foules,
O mon âme du soir, ce Londres noir qui traîne en toi !
Emile Verhaeren
Sir Luke Fides, Asile de nuit, 1874
Ce 15 juin, les Victoriens étaient à l’honneur dans le mois anglais. Je trouve que ce poème de notre Emile Verhaeren national ne dépare pas, avec ses accents de révolution industrielle et de misère…
Il me semble que j’ai un recueil de Verhaeren dans ma PAL, merci de m’y faire repenser ! Un clin d’oeil aux Victoriens en effet ! Très bon dimanche à toi 🙂
Espace Nord a publié un recueil il y a peu. Bonne semaine !
Je n’ai encore jamais lu de recueil de Verhaeren, j’ aimerais m’ y mettre car ces vers sont très beaux. Merci
Comme je viens de l’écrire à Lou, un recueil est paru il y a peu en Espace Nord.
Toute une époque dans ce poème en effet ! et une ambiance que l’on n’aimerais pas trop connaître.
C’est très évocateur, n’est-ce pas!
Très beau poème… et je frémis en pensant à cette gare (de Rouen) où Verhaeren a perdu la vie.
Parfois la mort est absurde…
Quel talent a décidément Verhaeren pour évoquer les villes, tant visuellement que dans leurs ambiances. Je garde un œil sur le recueil réédité chez Espace Nord, il semble prometteur, en vers comme en prose.
Un petit tour au rayon poésie de Tropismes s’impose… ^^