Étiquettes
Quatrième de couverture :
Comme beaucoup de jeunes Péruviens, Alberto Coiro est venu chercher du travail à Santiago du Chili, et lorsqu’il disparaît brutalement Heredia, le détective privé mélancolique et désabusé, se laisse persuader de partir à sa recherche. Il explore, sous la conduite d’un vieil homme, l’univers des vagabonds et des chiffonniers qui, la nuit, envahissent la ville. Il découvre les réseaux de jeux clandestins, les salles de billard, le trafic de cocaïne et tout un monde de personnages glauques. Mais il croise aussi le sourire de la jolie Violeta et se laisse émouvoir.
Dans son enquête il est aidé par les conseils philosophiques de Simenon, son chat. Flanqué de ses complices habituels, Serón le flic à la retraite, Anselmo le kiosquier turfiste et le journaliste Campbell, il nous montre le Santiago de l’émigration et du racisme.
Quel plaisir de retrouver le détective privé Heredia que j’avais découvert en 2014 dans Les sept fils de Simenon. Depuis j’ai pu trouver deux autres de ses enquêtes ou aventures en librairie, tout n’est plus disponible malheureusement (et je refuse de commander chez le gros truc en jaune qui est tout sauf un libraire).
Comme dans le premier roman lu, l’enquête en elle-même n’est pas l’intérêt principal du livre, quoique les recherches d’Heredia touchent toujours à un problème politique ou social du Chili de l’après Pinochet. Ici il s’agit de l’immigration péruvienne, des centaines de travailleurs pauvres qui s’exilent au Chili, sans papiers la plupart du temps et qui trouvent notamment des emplois dans les bars, les restaurants de Santiago. La nuit ils s’entassent dans des « boîtes à sommeil » et rêvent de rentrer chez eux un peu plus riches qu’avant. Heredia doit donc enquêter sur la disparition de l’un d’entre eux, Alberto Coiro. Son enquête, qui va longtemps errer sans piste véritable, finira par mettre au jour des trafics bien sombres ourdis autour d’une salle de billard.
L’intérêt de ces romans noirs, c’est de rouler ou de marcher dans Santiago du Chili avec Heredia, de suivre cet homme nostalgique et désabusé dans les bars, les restaurants, les rues de la ville tentaculaire et de fréquenter une faune hétéroclite et plus ou moins honnête qui ne parviendra jamais à faire renoncer Heredia à trouver le ou les coupables et à faire justice (dans la mesure du possible). Quand il rentre à la maison, il retrouve son chat blanc Simenon et ils se parlent ; Simenon porte ce nom car, quand il est entré par hasard chez Heredia, tout maigre, affamé, perdu, il s’est couché sur quatre romans de Simenon. Car oui, autre plaisir de cette série, c’est que le privé est cultivé, il aime lire, les citations des grands auteurs lui coulent aisément des lèvres. Et bien sûr, pas de roman noir sans personnage féminin, ici la belle et intelligente Violeta qui offrira quelques moments de douceur et de douleur mêlées à notre détective.
Hasta luego, Heredia, je serai heureuse de te retrouver dans d’autres investigations.
« En revenant vers mon bureau je me suis arrêté devant un mur sur lequel quelqu’un avait écrit : “Dehors, les Péruviens.”
J’avais déjà lu ce genre de graffiti, ils accusaient les Péruviens de faire entrer la tuberculose au Chili, d’augmenter la délinquance ou de priver les Chiliens de leur travail.
Certains étaient anonymes, d’autres signés par des groupes néonazis qui exprimaient tous les jours leur nationalisme odieux sur les murs du quartier dans l’indifférence générale.
Rien de nouveau sinon la stupidité vieille comme le monde de croire qu’un nom, la grosseur d’un porte feuille ou la race fait de vous un être supérieur. »
« Le chat attendait que mon corps fatigué par une nuit blanche revienne à la vie par ses propres moyens. Il a gentiment passé sa patte sur mes cheveux. Le soleil maussade de l’après-midi entrait par la fenêtre et j’ai senti dans mon estomac un furieux besoin de café et de tartines.
– Tu as vu l’heure ? La Péruvienne t’a ramolli le cerveau. Qu’est-ce que tu espères ?
– Rien. Je n’espère rien. J’étais seul et elle est arrivée en rêvant d’être ailleurs. C’était juste un petit moment de tendresse, une autre manière de passer le cap de la nuit.
– Ta naïveté est touchante. Hier, deux hommes sont venus pendant ton absence, je les ai entendus marmonner devant l’entrée. Ils ont glissé des lettres sous la porte. Tu as dû perdre deux clients.
– Les notes que j’ai trouvées ce matin le confirment. Il y avait aussi quelques grossièretés mais je ne les répèterai pas pour ne pas blesser tes oreilles, fouille merde de chat.
– Que penses-tu faire ?
– J’ai gagné assez d’argent aux courses pour payer mes vices et les tiens.
– Je faisais allusion au Péruvien et non pas à tes maigres revenus. »
Ramon DIAZ-ETEROVIC, La couleur de la peau, traduit de l’espagnol (Chili) par Bertille Hausberg, Métailié, collection Suites, 2013 (Métailié, 2008)
Le Mois latino-américain chez Ingamnic – Chili
Petit Bac 2021 – Couleur 2
keisha41 a dit:
Mais oui, j’en ai lu, de l’auteur, et avec plaisir, je n’y pensais plus!
A propos de trouver des livres, pas question de commander sur ‘machin’, perso j’ai réussi à avoir des bouquins pas faciles à trouver en commandant à une librairie digne de ce nom. Mes Pym en VO, par exemple, sont arrivés dans des délais raisonnables. Et même pris que chez ‘machin’
anne7500 a dit:
Je suis bien d’accord avec toi, ma première piste c’est le libraire, bien sûr 😉
aifelle a dit:
Un chat qui s’appelle Simenon, déjà on dresse l’oreille .. Je note aussi pour le contexte politique. Il n’est pas question que je commande non plus chez le gros machin. Ce n’est pas grâce à moi qu’il fait fortune.
anne7500 a dit:
Le chat philosophe et extrêmement lucide d’Heredia, un personnage à lui seul 😉
Marilyne a dit:
Il faut vraiment que je découvre cette série, pas besoin du machin, j’adore avoir un prétexte pour farfouiller chez les bouquinistes 🙂
anne7500 a dit:
Je crois que ça te plairait. Je peux te le garder au chaud 😉
Ingannmic a dit:
Un auteur que je ne connais pas du tout, sauf de nom !
Pour les occasions qui ne sont plus disponibles, c’est selon ce que je trouve chez les bouquinistes ou sur le site du Livre vert, association bordelaise qui reprend les livres (mais ne les achète pas), les revend, et fait de la réinsertion professionnelle (http://lelivrevert.com/).
Ils n’ont pas ce titre, je viens de vérifier, mais proposent « Les sept fils de Simenon » à moins de 4 €..
Et merci pour ta participation !
anne7500 a dit:
Les sept fils de Simenon, le titre qui m’a fait découvrir Heredia, eh oui ! Merci d’avoir récupéré le lien 😉
A_girl_from_earth a dit:
Ouh je m’empresse de noter cette série chilienne ! J’ai déjà dû croiser le nom de l’auteur et le noter à étudier pour plus tard mais cette couverture à chat est irrésistible, et le contexte de l’intrigue me parle bien.
anne7500 a dit:
Il y a de l’humour mais plutôt désenchanté. Mais en effet, je crois que ça te plairait 😉
kathel a dit:
Je n’ai jamais lu cet auteur, je tenterais bien. (tu sais, il a aussi Recyclivre, ou Rakuten, ou Momox, etc… ce ne sont pas vraiment des libraires non plus, mais bon, quand on ne trouve pas ailleurs…)
anne7500 a dit:
Oui, il faut lire Eterovic-Diaz 😉 Merci pour les tuyaux.
dasola a dit:
Bonjour Anne, je suis une fan des romans de Ramon Diaz Eterovic. Je les ai tous lus. Il en écrit peu mais c’est toujours très bien. J’ai toujours du plaisir à retrouver Heredia et Simenon. Bon dimanche.
anne7500 a dit:
Oh c’est super de trouver une autre fan ! J’en ai plusieurs à découvrir mais j’adore cette ambiance.