Quatrième de couverture :

Charlie Gordon a 33 ans et l’âge mental d’un enfant de 6 ans. Il voit sa vie bouleversée le jour où, comme la souris Algernon, il subit une opération qui multipliera son Q.I. par 3. « Si l’opérassion réussi bien je montrerai a cète souris d’Algernon que je peu ètre ossi un télijen quelle et même plus. Et je pourrai mieux lire et ne pas faire de fotes en écrivan et aprendre des tas de choses et ètre comme les otres. » Charlie va enfin pouvoir réaliser son rêve : devenir intelligent. Au jour le jour, il fait le compte rendu de ses progrès. Mais jusqu’où cette ascension va-t-elle le mener ?

 

Le livre commence par un rappel du mythe de la caverne de Platon, du passage de l’ombre à la lumière et vice-versa. C’est ce qui arrive à Charlie Gordon : arriéré mental, sans lien familial, il se voit livré à une expérience scientifique sans précédent qui consiste à opérer son cerveau pour décupler ses capacités intellectuelles. L’essai semble avoir marché sur la souris Algernon, désormais capable de résoudre des situations compliquées dans un labyrinthe ; et de fait, l’orthographe de Charlie s’améliore au long de ses comptes-rendus, sa pensée s’élabore, ses connaissances se multiplient et son Q.I. finit par tripler ou presque, passant de 65 à 185.

Oui, mais cela s’assortit évidemment d’une coupure avec son milieu d’origine, avec ses camarades de travail (il était homme de ménage dans une boulangerie). Si ses performances intellectuelles sont exceptionnelles, son émotivité, sa capacité de jugement, de prise de décision restent celles d’un adolescent perturbé. Et les concepteurs de l’expérience ne semblent pas en faire grand cas, Charlie sent bien qu’ils le considèrent comme un animal de laboratoire, pas comme un être humain.

C’est quand le jeune homme se rebelle vraiment que le livre acquiert tout son intérêt : comment va-t-il se débrouiller seul ? quelles relations va-t-il nouer ? comment l’expérience va-t-elle se terminer ? Charlie a appris à maîtriser sa mémoire et il parvient à se souvenir de son enfance, de sa mère qui voulait à tout prix le faire passer pour un enfant normal jusqu’à l’arrivée de sa petite soeur, de son père impuissant devant les velléités de sa femme. Le drame humain vécu par le garçon donne aussi beaucoup de poids à ce roman, même si je lui ai trouvé des longueurs et si je n’ai pas réussi à m’attacher complètement à Charlie. Peut-être est-ce un effet volontaire de l’expérience scientifique menée ici,mais je n’en suis pas sûre.

Qu’est-ce qui fait notre humanité ? Qu’est-ce que l’intelligence ? Quel est le poids de notre histoire personnelle face à la science ? Telles sont quelques-unes des questions que pose ce classique de la science-fiction, paru pour la première fois en 1959, dont la fin est peut-être un peu trop prévisible à mon goût.

 

« Quoique nous sachions tous qu’au bout du labyrinthe se trouve la mort (mais cela je ne l’ai pas toujours su : il n’y a pas si longtemps, l’adolescent que j’étais pensait que la mort ne pouvait arriver qu’aux autres), je vois maintenant que le parcours que j’ai choisi dans ce labyrinthe m’a fait ce que je suis. Je ne suis pas seulement un être, mais aussi une manière d’être (une manière parmi bien d’autres), et de prendre conscience des couloirs que j’ai suivis et de ceux qui me restent à prendre m’aidera à comprendre ce que je deviens. » (p. 318)

« Mais j’ai appris que l’intelligence seul ne signifie pas grand-chose. ici, dans cette université, l’intelligence, l’instruction, le savoir sont tous devenus de grandes idoles. Mais je sais maintenant qu’il y a un détail que vous avez négligé : l’intelligence et l’instruction qui ne sont pas tempérées par une chaleur humaine ne valent pas cher. » (p. 358)

 

Daniel KEYES, Des fleurs pour Algernon, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Henri Tribal Flammarion, 2006

 

Biblioth_que_et_LALUn livre lu dans une édition jeunesse et donc ce sera la catégorie Végétal de ma ligne jeunesse du laurier-couronne-fdb39   et bien sûr,