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Ce samedi 23 août est un autre jour de mémoire important en Belgique. Je pense à la ville de Dinant dont la population a payé un horrible tribut à la folie meurtrière des Allemands : 674 civils, hommes et femmes, enfants et vieillards, ont été tués en représailles de tirs de soi-disant « francs-tireurs » qui attaquaient les soldats allemands.
Le 23 août marque aussi le premier combat de l’armée britannique venue au secours de la petite Belgique. C’est à Mons que les deux armées s’affrontent, au Pont de Nimy plus exactement. Malgré leur courage, les Anglais sont complètement débordés par la supériorité numérique et le « courage insensé » des Allemands, ils sont obligés de reculer. « Les fameux Anges de Mons seraient apparus durant ce recul et auraient permis aux Britanniques de transformer cette défaite en une victoire tactique. » (source : site de la ville de Mons) En novembre 1918, ce sont aussi les Anglais qui libèrent la ville, qui est toujours connue en Grande-Bretagne comme « The First and the Last » de la Grande Guerre.
Voici les explications sur cette légende trouvés sur le site de Mons 2015 (la ville sera Capitale culturelle de l’Europe) : « Arthur Machen, écrivain fantastique britannique qui, le 29 septembre 1914, publie dans le London Evening News, une nouvelle qui raconte qu’un soldat britannique, lors d’une bataille contre des soldats allemands, invoqua saint Georges. Aidés d’archers revenus directement de la bataille d’Azincourt, le saint patron de l’armée britannique mit en déroute l’armée allemande. L’auteur stipula, peu de temps après la parution de son œuvre, qu’il s’agissait d’une pure fiction qu’il avait écrite afin de soutenir le moral de ses compatriotes.
La rumeur se propagea rapidement en Angleterre. Durant les mois qui suivirent, de nombreux articles et ouvrages parurent relayant les témoignages de soldats ayant participé à la Grande Retraite. La légende prit diverses formes. Les anges apparus aux troupes britanniques étaient présentés de différentes manières : nuage lumineux, cavalier, chevalier ailé, etc. Des revues spiritualistes s’emparèrent du phénomène, tout comme l’Eglise protestante. Des sermons racontant la légende
et l’intervention divine furent diffusés sur le front comme à l’arrière. Des artistes peignirent le phénomène et des œuvres musicales furent composées. La légende
avait véritablement imprégné la société britannique, avec le soutien probable des autorités qui y voyaient un moyen de soutenir l’effort de guerre. »
Les Anges de Mons, tableau de Marcel Gillis
Xavier Hanotte et son complice Claude Bernard se sont emparés de la légende et ont créé un roman graphique qui met en scène deux soldats, le Private Arthur Newman (1894-1916) et le Lieutenant Reginald H. Watkins (1893-1979).
Le récit alterne, de double page en double page, les jours d’août 1914, écrasés de soleil et encore marqués par la ferveur populaire et les jours de novembre 1918, noyés de pluie et d’un soulagement qui peine à se muer en vraie joie tant les morts et les douleurs ont fait des ravages durant ces 51 mois de guerre. Le soldat Newman a participé à la bataille de Mons, il a vu les anges se déployer mystérieusement au dessus du champ de bataille, indiquant le chemin pour se sauver aux soldats en déroute. Il sait qu’il reverra un jour cet ange qui « brandissait une longue épée »… Il racontera cette vision au Lieutenant Watkins lors de la bataille de la Somme, en juillet 1916. En novembre 1918, arrivé à Mons, Watkins part sans le savoir sur les traces de l’ange…
On retrouve avec plaisir les mots de Xavier Hanotte qui donne vie à ces deux soldats : « Leur visage, petit à petit, est sorti de l’ombre pour entrer, via notre imaginaire, dans la lumière d’une histoire qui, autant que nécessaire, respecte l’Histoire. » explique-t-il dans l’introduction à l’ouvrage, publié en ouverture des festivités liées à Mons 2015. Comme d’habitude, le réel côtoie l’imaginaire, dans ce réalisme magique que l’auteur affectionne tout particulièrement dans sa quête des traces du passé.
Quant au dessin de Claude Bernard, il est tout simplement sublime : pastel et aquarelle, crayon et plume, les techniques et les couleurs se mélangent harmonieusement et rendent à merveille la chaleur et l’enthousiasme des premiers jours de la guerre, le feu de la bataille, l’apparition miraculeuse, la grisaille et la mélancolie profonde qui marquent les derniers jours du conflit. Ses planches sont de vrais tableaux très documentés pour respecter les lieux et les hommes tout en laissant place à la poésie et à l’imagination du lecteur. Une merveilleuse alliance graphique et narrative dont j’essaye de vous rendre compte par ces quelques photos que j’ai prises moi-même de l’album (désolée pour la qualité pas terrible).
A noter que l’introduction et les textes sot traduits en néerlandais en fin d’ouvrage.
Claude RENARD et Xavier HANOTTE, Les Anges de Mons, Fondation Mons 2015 Editions, 2013
Ce samedi 23 août, toute une série de commémorations et d’animations sont organisées à Mons. Le programme complet de toutes les festivités 2014 à Mons se trouve sur cette page.
Bonheur du Jour a dit:
Très bonne commémoration. Ce roman graphique doit être très intéressant, mais je doute fort de pouvoir le trouver ici, dans une bibliothèque du Var, ce qui est bien dommage.
Bon week end.
anne7500 a dit:
Eh non, j’ai oublié de le préciser, pour l’instant il n’est en vente qu’à Mons, j’ai pu l’acheter en avant-première au premier salon du livre de Mons en novembre dernier.
Eveline De Couvreur a dit:
Ce livre me parait très intéressant. A découvrir.
anne7500 a dit:
Je ne pouvais pas ne pas l’avoir, en grande fan de Xavier Hanotte (et maintenant de Claude Renard) que je suis…
Laeti a dit:
J’y ai passé mon après-midi, mais malheureusement je n’ai pas suivi le tour proposé dans les différentes communes montoises où des commémorations étaient organisées. Une restitution de camp allemand était mis en place au parc du Beffroi, c’était très intéressant. Malheureusement je n’ai pas eu l’occasion d’admirer le superbe (paraît-il) spectacle de sons et lumières sur l’Hôtel de Ville de Mons…
anne7500 a dit:
J’ai raté plein de choses à Mons même, on a commencé par le cimetière de Saint-Symphorien (arrivées seulement à 12h sur place) avec visite guidée par un monsieur anglais de la CWGC, tellement passionnant qu’on y est restées longtemps, donc on a raté la commémoration officielle de 14h place du Parc, mais on s’est arrêtées à la Fucam où il y avait aussi un camp anglais avec des chevaux et des démonstrations des techniques de cavalerie, très chouette. Puis on a visité les expos du BAM ouvert jusqu’à 20h et après un petit restau, concert de musiques britanniques (cornemuses à gogo) et spectacle son et lumière. Tu peux encore y aller ce soir, c’est le dernier jour !
aifelle a dit:
La mémoire collective doit être encore vive là-bas, je l’ai ressentie tellement fort lorsque je suis allée dans la région de Verdun. Mais j’avoue que je sature un peu côté commémorations depuis le début de l’année.
anne7500 a dit:
J’ai visité le fameux cimetière de Saint-Symphorien où sont enterrés « the First and the Last » les premier et dernier soldats britanniques morts pendant la 1e guerre. Guidés par un monsieur de la CWGC… c’était très émouvant, d’autant que ce cimetière est très beau, construit un peu en terrasses et y reposent en nombre égal soldats allemands et britanniques, suivant la volonté du donateur de la terre.
Sandrine a dit:
Du réalisme magique et de la Première Guerre mondiale : il me faut ce livre-là. D’autant plus que ce que je vois des illustrations me plait.
anne7500 a dit:
Le problème, c’est que pour le moment on ne le vend qu’à… Mons !
Cachou a dit:
Tu l’as achetée où, cette BD? J’aimerais bien la prendre pour la bibli mais je ne trouve pas ses références sur les sites d’achats de livres…
anne7500 a dit:
J’espère que tu pourras te la procurer avec mes explications en MP !
Philippe D a dit:
Le son et lumières sur l’hôtel de ville était superbe!
anne7500 a dit:
Oui, c’était bien, un peu trop appuyé à mon goût.