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Kurt Gödel, Premier Roman, Princeton, Rentrée littéraire 2012, vienne, Yannick Grannec
Quatrième de couverture :
Université de Princeton, 1980. Anna Roth, jeune documentaliste sans ambition, se voit confier la tâche de récupérer les archives de Kurt Gödel, le plus fascinant et hermétique mathématicien du xxesiècle.
Sa mission consiste à apprivoiser la veuve du grand homme, une mégère notoire qui semble exercer une vengeance tardive contre l’establishment en refusant de céder les documents d’une incommensurable valeur scientifique.
Dès la première rencontre, Adèle voit clair dans le jeu d’Anna. Contre toute attente, elle ne la rejette pas mais impose ses règles. La vieille femme sait qu’elle va bientôt mourir, et il lui reste une histoire à raconter, une histoire que personne n’a jamais voulu entendre. De la Vienne flamboyante des années 1930 au Princeton de l’après-guerre ; de l’Anschluss au maccarthysme ; de la fin de l’idéal positiviste à l’avènement de l’arme nucléaire, Anna découvre l’épopée d’une femme confrontée toute sa vie à une équation impossible entre le génie, l’amour et la folie.
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Voilà un roman que j’ai dévoré en quelques soirées, pas seulement parce que je devais boucler le premier cycle de lectures du Prix Première, mais aussi parce que l’histoire d’Adèle et Kurt Gödel, la rencontre d’Anna et Adèle m’ont passionnée, voilà, c’est dit !
Je pourrais m’amuser à filer la métaphore mathématique sur ce triangle romanesque très réussi, mais je n’ai pas grand goût pour les maths… Lors de mes études secondaires, j’en étais arrivée à ne plus avoir que le minimum de maths possible (quant à la physique, n’en parlons même pas…), j’étais (et suis toujours) plutôt littéraire ! Mais cela ne m’a pas vraiment gênée dans ma lecture : certaines explications me sont certes passées au-dessus de la tête mais elles ne m’ont pas semblé nécessaires à la compréhension du livre. D’ailleurs les maths cèdent la place à la philosophie, car à la fin de sa vie, Gödel s’est beaucoup intéressé à la phénoménologie de Husserl et… cela m’a paru tout aussi complexe que les considérations matheuses.
Ce premier roman est de facture plutôt classique, rien de neuf dans cette alternance entre la rencontre d’Anna et Adèle et le récit de ses souvenirs par Adèle. Mais cette « formule » d’écriture (ah ben tiens, je réussis à en placer quand même, des termes mathématiques), cette formule, donc, maintient l’intérêt, nous permet de respirer un peu après quelques exposés du grand homme ou quelques discussions scientifiques entre gens de bonne compagnie. Pour ma part, je ne connaissais que très vaguement le nom de Kurt Gödel, j’ai donc appris quelque chose (je n’en demande pas moins aux livres) et puis, quel plaisir de voir mis en scène dans la vie quotidienne Albert Einstein, Robert Oppenheimer et d’autres savants de Princeton : Einstein disait, paraît-il, « Je ne vais à mon bureau que pour avoir le privilège de rentrer à pied avec Kurt Gödel. » On le découvre ici entouré des femmes qui veillaient sur lui, ou dans l’intimité des Gödel, toujours préoccupé de science et d’éthique par rapport aux conséquences de ses découvertes. Si ces discussions scientifiques sont un peu longues parfois, elles n’ont pas entamé mon capital sympathie pour Adèle, mon « attrait-répulsion » pour Kurt Gödel et pour leur traversée du siècle, de Vienne à Princeton.
Etonnante, émouvante, cette rencontre entre une jeune femme pleine de vie et de réalisme qui a tout sacrifié à un jeune étudiant devenu un savant dont le génie l’a à la fois sauvé et empêché de vivre. Etonnant, émouvant comme les histoires d’Adèle et Anna se font écho. J’ai souvent eu envie de saisir celle-ci par les bretelles, de la secouer pour qu’elle se décide à vivre enfin. Elle a réussi à me surprendre jusqu’à la fin, très touchante.
Ce bon gros premier roman ne manque pas d’audace derrière sa couverture pleine d’humour !
« (Adèle parle à Einstein, qui lui répond) : – J’ai entendu une drôle d’histoire. Un automobiliste serait rentré contre un arbre parce qu’il était trop occupé à vous regarder !
– Seules deux choses sont infinies, Adèle. L’univers et la stupidité de l’homme. Et encore, je ne suis pas certain de l’infinité de l’univers ! » (p. 231)
Yannick GRANNEC, La Déesse des petites victoires, Editions Anne Carrière, 2012
Le titre est beau. Je ne pense pas le lire, il faut que je me montre lucide ! Mais il aurait pu me plaire, en tout cas ton billet est séduisant.
C’est un petit coup de coeur, malgré les maths ! 😉
J’ai lu qqs avis positifs, dont deux (le tien et celui de Pichenette) qui me donnent envie de le lire si l’occasion se présente…surtout pour une nulle en maths comme moi!!!
Le côté matheux, savant ne m’a pas paru rédhibitoire du tout. Tu devrais essayer !
Chic chic! Et sans vraiment beaucoup de maths, non?Plus de philo, en tout cas…
J’ai oublié de le noter (je vais faire un ajout, tiens !), la philo m’a paru au moins aussi compliquée. Mais je trouve que ça ne ralentit pas trop le rythme du roman, et certainement pas mon propre rythme de lecture.
J’ai été nettement moins enthousiaste que toi, tu le sais .. à la moitié du livre je me suis lassée et ai perdu tout intérêt pour les personnages.
J’ai relu ton avis, et je peux bien comprendre ta déception.
J’ai lu ta chronique, puis celle de Keisha, puis celle d’Aifelle, et enfin celle de Dominique. Ben voilà ! Mon envie de lire ce roman n’a rien à voir avec les maths. Il a à voir avec ; « Seules deux choses sont infinies, Adèle. L’univers et la stupidité de l’homme. Et encore, je ne suis pas certain de l’infinité de l’univers ! » Et là, tu vois, Anne, ça me branche ! Merci pour ce billet 🙂
Elle est trop, cette citation, n’est-ce pas ! J’ai adoré croiser Einstein dans ce roman.
Pas de goût pour les maths et passionnée quand même ? Tiens, tiens, j’aurais cru qu’il fallait avoir l’âme matheuse pour apprécier…
Je ne suis pas sûre que j’aurais lu ce livre sans le Prix Première, mais je suis très emballée. On n’en est qu’à un quart de nos lectures,mais c’est celui-là qui me semblerait convenir pour un prix s’il fallait voter maintenant.
Comme Ys, je pensais que les maths prenaient quand même trop de place. Tu sembles dire le contraire.
Non, comme tu peux le lire dans ma réponse à Ys. Qu’est-ce qui fait que j’ai accroché à ce livre ? Mystère…Peut-être parce qu’il y avait une Adèle ? 😉
Je ne sais toujours pas si j’ai envie de lire ce roman… Les avis diffèrent beaucoup tout de même… Je vais laisser tout ça décanter ! 😉
Si tu n’en ressens pas l’envie au départ, mieux vaut ne pas te lancer, tu risques d’être lassée ou déçue, en effet !
Cette fois convaincue ( parce que la thématique mathématique, ben, bon, au même niveau que toi ^^ ), j’aime l’humour et l’audace !
Il fallait le faire, de s’attaquer à ce monument des maths ! Et puis la vieille dame acariâtre m’a bien plu… 🙂
Ce n’es pas trop le côté mathématiques qui m’arrête que le côté « biographie de grand homme vue par celle qui était dans son ombre »… mais il faudrait que je lise au moins les premières pages pour me faire une idée.
Adèle n’y connaissait rien aux maths ni à la philo, et pourtant c’est Kurt qui ne parlait guère, se coupait des autres, était incapable de prendre soin de lui… Tente-le si tu en as l’occasion !
La dernière citation est d’Einstein, si je ne me trompe pas.
Oui, je l’ai écrit, juste avant la réplique d’Adèle…
Oui, je sais, je me dois de le lire… mais quand ? Bises
Ah oui, théoriquement, tu « devrais » le lire… 😉
Il me fait penser à un autre livre « Peste et choléra » qui raconte lui aussi la vie d’un grand scientifique.
Oui, en effet, mais curieusement, ce livre-là ne m’attire pas tellement…
Je l’ai lu à sa sortie et ai beaucoup aimé. On s’attache aux personnages féminins et on apprend beaucoup sur ce mathématicien inconnu du grand public.
Un bon résumé du livre et de mon ressenti !
Je n’ai voulu retenir que les avis mitigés à cause des maths (c’est rédhibitoire chez moi) mais à te lire je me dis que je vais peut-être reconsidérer ma position^^
Tu seras peut-être rebuté comme Aifelle, je ne te garantis pas l’amour absolu du bouquin…
J’ai beaucoup beaucoup aimé ce livre, et j’ai bien l’intention de l’offrir en cadeau de Noël à plusieurs personnes.
Je l’ai cité en coup de coeur au club de lecture hier soir !
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Moi, je connais Kurt Coben, mais ça doit pas être pareil ! lol
Pas trop tentée, je passe !
Pas matheuse pour un sou ?