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Quatrième de couverture :
Cher Fumiaki, si vous acceptez de me prendre pour femme, venez me chercher au plus vite. Je suis prête à partir avec vous dès que vous viendrez. Je vous attends.
Avec la délicatesse qui le caractérise, Jirô Taniguchi brosse le portrait de Tomojo Uchida, une jeune femme qui vécut au Japon dans les années 1920. A travers ce personnage charismatique, au parcours jalonné d’événements douloureux, l’auteur redonne vie à cette époque rurale, pauvre et attachée à ses traditions qu’il affectionne tant.
Jirô Taniguchi nous prouve encore une fois que l’indicible peut être raconté.
Taniguchi l’explique dans une interview à la fin de l’album, on lui a demandé de dessiner dans le journal trimestriel d’un temple boudhiste de la banlieue de Tokyo pour « valoriser ce qui fait la particularité de ce temple, et notamment mieux connaître la personnalité et le parcours de sa créatrice, Tomoji Uchida ». Il a donc choisi de parler de l’enfance de la dame en faisant appel à la fiction pour enrichir le propos. Une scénariste l’a aidé à créer l’histoire en faisant le tri dans la masse de documents qu’il avait accumulés sur l’ère Taishô.
Dès les premières planches, on comprend que, à l’âge de treize ans, Tomoji croise sans le savoir celui qui deviendra plus tard son mari, Fumiaki, avec qui elle fondera un foyer solide qui lui donnera la force et le charisme de fonder ce temple, cette branche du boudhisme. Un long flash-back raconte ensuite l’enfance et les pertes douloureuses subies par Tomochi, qui finit par vivre avec son demi-frère et sa grand-mère. Issue d’un milieu rural assez pauvre, elle a la chance de pouvoir faire des études tout en aidant aux travaux des champs, de la maison, en prenant soin de sa famille, à l’exemple de sa grand-mère. Régulièrement, on situe le moment de l’histoire, toujours en référence au futur mariage.
Je ne perds pas de vue que cet album est publié par une maison d’édition à destination des ados, mais quand même j’ai trouvé le propos un peu léger : le traitement de l’histoire de Tomochi est fort répétitif, on ne sait finalement rien de ce fameux temple (à moins qu’il n’y ait une suite, mais je n’ai pas cru comprendre cela dans les propos du dessinateur) et si l’auteur se défend d’avoir voulu faire une oeuvre hagiographique, il n’en demeure pas moins que Tomoji est une enfant, une fille, une jeune femme parfaite, lisse, sans aucun défaut, elle est trop parfaite, d’autant qu’elle n’exprime pas vraiment ses sentiments, à part l’amour qu’elle porte envers les siens.
Ce côté un peu trop mièvre à mon goût se retrouve un peu dans le dessin de Taniguchi, que j’aime toujours autant : quelle finesse dans les détails, quelle délicatesse dans les pages en couleur à chaque début de chapitre, et l’idée de présenter les scènes « domestiques » en cases horizontales alternant avec les scènes de nature à la verticale est vraiment intéressante, elle apporte des dimensions implicites au scénario. Mais quand il s’agit de parler des événements douloureux ou du fameux tremblement de terre de 1923 qui a ravagé le Japon, le dessin reste aussi doux. Cela a contribué au sentiment de rester sur ma faim à l’issue de cette lecture qui ne restera pas inoubliable comme celle de Quartier lointain…
Jirô Taniguchi (scénario, dessin et couleurs) et Miwako Ogihara, Elle s’appelait Tomoji, Rue de Sèvres, 2015
Merci à Doriane Sibilet et aux éditions Rue de Sèvres pour l’envoi de cet album qui sort aujourd’hui.
noukette a dit:
Une de mes prochaines lectures… Je note tes bémols, j’espère être plus enthousiaste que toi !
Dis, tu participes au nouveau rendez-vous de La BD de la semaine ? Si oui, n’hésite pas à me le signaler, je rajouterai ton lien, c’est moi qui les recense aujourd’hui 😉
anne7500 a dit:
J’espère que ça te plaira ! Après réflexion (et surtout grosse flemme de déposer des liens, un peu comme les challenges que j’évite désormais), je ne participe pas partixculièrement au rendez-vous BD, non… J’ai publié mon billet aujourd’hui parce que le bouquin sort en librairie.
Moglug a dit:
Malgré tes bémols, les images semblent très belles et cette BD est très tentante…
anne7500 a dit:
Taniguchi dessine toujours aussi bien, c’est sûr, mais il manque de force, de pertinence ici…
aifelle a dit:
Tes réserves me freinent un peu, mais en général j’aime ce qui vient d’Asie, alors ..
anne7500 a dit:
Si tu le trouves en bibli… 😉
jerome a dit:
J’aime bien Taniguchi mais là, le sujet (et ce que tu en dis) ne m’attire pas une seconde.
anne7500 a dit:
On ne parle pas une seconde du temple (l’objet de la commande) ais le reste manque de force, de dynamisme.
Antigone (@EcritsAntigone) a dit:
Je pense la même chose que toi… un peu faible cette BD malheureusement. Je voulais écrire mon billet aujourd’hui et comme je suis mitigée je n’étais pas très motivée… peut-être ce soir ? Dommage car tu as raison les dessins sont très beaux et j’ai retrouvé quelques moments de grâce mais l’ensemble est vraiment trop léger. J’ai aussi été étonnée par l’objet de la commande et le traitement qui en est fait, ou alors cette femme est tellement connue là-bas qu’aucune explication ne semble nécessaire ? Mystère.
anne7500 a dit:
Je ne te réponds qu’aujourd’hui et je devine que tu n’as pas encore eu la motivation pour un billet 😉 Tu n’as pas essayé de le faire lire à ta grande fille pour voir sa réaction ?
Nadael a dit:
Idem pour moi. J’ai beaucoup aimé Quartier lointain… mais Tomoji m’a laissée dubitative, j’ai attendu en vain qu’il se passe quelque chose… je laisse passer un peu de temps avant d’écrire mon billet.
anne7500 a dit:
Je viendrai te lire !
keisha a dit:
J’aime cet auteur donc si je le vois, je le lis!
anne7500 a dit:
Il est en coup de coeur au Bateau-Livre, les avis sont donc partagés. Fie-toi à ton instinct !
noctenbule a dit:
J’ai été un peu déçue de cette lecture.
anne7500 a dit:
Moi aussi, comme tu l’auras lu.
noctenbule a dit:
cela m’a rassuré car je n’avais lu que des réponses positives 🙂