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Je t’écris pour te dire que je t’aime

que mon cœur qui voyage tous les jours

— le cœur parti dans la dernière neige

le cœur parti dans les yeux qui passent

le cœur parti dans les ciels d’hypnose —

revient le soir comme une bête atteinte

 

Qu’es-tu devenue toi comme hier

moi j’ai noir éclaté dans la tête

j’ai froid dans la main

j’ai l’ennui comme un disque rengaine

j’ai peur d’aller seul de disparaître demain

sans ta vague à mon corps

sans ta voix de mousse humide

c’est ma vie que j’ai mal et ton absence

 

Le temps saigne

quand donc aurai-je de tes nouvelles

je t’écris pour te dire que je t’aime

que tout finira dans tes bras amarré

que je t’attends dans la saison de nous deux

qu’un jour mon cœur s’est perdu dans sa peine

que sans toi il ne reviendra plus

 

Gaston MIRON, L’homme rapaillé, L’Hexagone (Typo), Montréal, 1998