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Quatrième de couverture :
À Mont-Ephraim, une petite ville des États-Unis située dans l’Etat de New York, vit une famille pas comme les autres : les Mulvaney. Au milieu des animaux et du désordre ambiant, ils cohabitent dans une ferme qui respire le bonheur, où les corvées elles-mêmes sont vécues de manière cocasse, offrant ainsi aux autres l’image d’une famille parfaite, comme chacun rêverait d’en avoir. Jusqu’à cette nuit de 1976 où le rêve vire au cauchemar… Une soirée de Saint-Valentin arrosée. Un cavalier douteux. Des souvenirs flous et contradictoires. Le regard des autres qui change. La honte et le rejet. Un drame personnel qui devient un drame familial. Joyce Carol Oates épingle l’hypocrisie d’une société où le paraître règne en maître ; où un sourire chaleureux cache souvent un secret malheureux ; où il faut se taire, au risque de briser l’éclat du rêve américain.
Dans ma série « A la ferme » voici aussi un pavé d’été et un bon gros roman de Joyce Carol Oates. Une histoire de famille inextricablement liée à un lieu, à une maison : High Point Farm. Ici il n’est pas vraiment question de travail à la ferme puisque Michael Mulvaney, le père, dirige une entreprise de couverture de toits et que la mère, Corinne, gagne un peu d’argent en vendant des objets de brocante ; mais il s’agit bien d’une ferme dont les dépendances abritent des chevaux, des animaux de basse-cour, de nombreux chiens et chats dont certains reçoivent un prénom et sont quasiment des membres de la famille, et les enfants Mulvaney doivent prendre soin des animaux en plus de leur travail scolaire et de leurs diverses activités sportives et sociales. Une vraie famille américaine, née du coup de foudre entre Michael et Corinne en 1955, une famille soudée, avec l’aîné Michael Junior, le sportif, Patrick, l’intellectuel, Marianne, la seule fille, lumineuse et généreuse, et Judd, le benjamin et narrateur.
Cette famille à la fois traditionnelle et originale (tous ses membres se donnent des surnoms pittoresques qui témoignent de leurs liens profonds), cette famille enviée va voir son unité voler en éclats le jour où, en 1976, Marianne subit une agression qui va changer à jamais le destin des Mulvaney. Le mot « viol » ne sera jamais prononcé et l’agresseur de Marianne ne sera jamais inquiété officiellement, même sa propre mère ne parvient pas à aider sa propre fille, qui restera longtemps persuadée que tout est de sa faute. Quant au père, sa propre culpabilité de n’avoir pas su protéger sa fille va le faire lentement dégringoler, socialement et physiquement. Corinne se range de son côté – toujours implicitement -, la fille est écartée de la famille et envoyée chez une lointaine cousine et les garçons sont livrés à eux-mêmes. Tout en faisant semblant de préserver les apparences, chacun va devoir tracer son chemin pour simplement vivre et se réaliser. Le silence est d’une violence insoutenable.
Avec pour toile de fond l’histoire de l’Amérique, de John Kennedy à Ronald Reagan en passant par la guerre du Vietnam et la prise d’otages à Téhéran sous Jimmy Carter, Joyce Carol Oates suit chacun des membres de cette famille avec attention, leurs portraits, leurs chemin de vie, leur psychologie, sont fouillés, elle aime ses personnages, même si chacun (sauf Judd) peut sembler au lecteur tantôt éminemment sympathique, tantôt parfaitement détestable dans sa fuite des responsabilités ou sa naïveté aveugle. C’est ce que signifie sans doute la scène annoncée par plusieurs effets de prolepse : que les bons et les méchants (ou catalogués comme tels) peuvent tous être couverts de la même boue noire et que le chemin de la résilience frôle sans cesse le précipice.
La lecture de ce roman à l’époque du #metoo et du #balance ton porc secoue, interpelle sur le traitement réservé aux victimes d’agressions sexuelles mais c’est aussi l’inoubliable portrait d’une famille, d’une maison au charme fou, de personnages dont je me souviendrai longtemps.
« Je ne sais pas ce que maman a dit à Sable sur papa. Sur notre famille. J’ai tendance à penser qu’elle lui en a dit très peu. Car quels mots peuvent résumer une vie entière, un bonheur brouillon et foisonnant se terminant par une souffrance aussi profonde et prolongée ? » (p. 666)
Joyce Carol OATES, Nous étions les Mulvaney, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Claude Seban, Le Livre de poche, 2011 (Stock, 1998)
#alassautdespaves
Challenge Pavé de l’été chez Brize
Le Mois américain : journée féminine
Pumpkin Autumn Challenge –Automne frissonnant – Esprit es-tu là ?
keisha41 a dit:
Je l’ai lu mais que de longueurs…
anne7500 a dit:
Ca ne m’a pas dérangée…
dominiqueivredelivres a dit:
j’ai lu ce roman et c’est le seul de l’auteur qui m’ait passionné sans doute à cause du sujet et de l’héroïne que l’on a envie de prendre dans ses bras
anne7500 a dit:
Oui, elle est vraiment à plaindre Marianne, elle est bien mal entourée et l’époque ne fait rien pour aider ces pauvres victimes.
Ingannmic a dit:
J’avais eu du mal à rentrer dans ce roman à cause de certaines maladresses stylistiques (peut-être due à la traduction ?) et de la « perfection » de la famille Mulvaney qui m’avait semblé peu crédible et bien « sirupeuse »… en revanche, toute la partie « post-viol » m’avait scotchée, car Oates n’est jamais aussi convaincante que quand elle gratte le vernis pour se pencher sur les fêlures…
J’en garde au final un souvenir plutôt positif mais à l’époque, le début du roman avait un peu gâché ma lecture..
Bravo en tous cas pour ce beau billet et ta double participation à des challenges !
anne7500 a dit:
Merci, Ingamnic ! Tu e dis très bien, JC Oates a l’art de gratter la société américaine là où ça fait mal et elle touche à une infinité de sujets…
Philisine Cave a dit:
J’ai adoré de chez adoré ce roman. Il est fabuleux et très complet. J’en garde un souvenir fort et marquant.
anne7500 a dit:
Je crois qu’il est inoubliable, ce roman !
Suzanne Fortin a dit:
Très beau billet. Un roman que j’ai adoré.
anne7500 a dit:
Merci, Suzanne. Mon préféré reste Les Chutes, parce que c’est avec lui que j’ai découvert JC Oates.
Karine:) a dit:
Ce roman m’avait tellement secouée… et je me rappelle que la mère m’avait vraiment énervée, alors que je comprenais, d’un côté!
anne7500 a dit:
Oui, on éprouve plein de sentiments ambivalents à cette lecture !
chatperlipopette a dit:
Un merveilleux souvenir de lecture que ce pavé. Ce fut ma première rencontre avec JCO et depuis je suis une de ses fans.
anne7500 a dit:
Mon premier d’elle, c’est Les Chutes, LE roman que je n’oublierai pas !
kathel a dit:
Un roman très marquant pour moi… j’avais pensé ne plus pouvoir lire de saga familiale après celui-ci !
anne7500 a dit:
C’est vrai qu’on est gâtés en termes d’histoire de famille !
rachel a dit:
Tout un sujet bien fort….toute une sacre famille..j’hesite quand meme…;)
anne7500 a dit:
Il y a des romans plus courts de cette auteure 😉
lcathe a dit:
Une auteure inconnue pour moi même si très connue 🙂
anne7500 a dit:
On a tous des auteurs dits incontournables et que nous n’avons jamais lus. Ca viendra peut-être ?
A_girl_from_earth a dit:
J’avais failli choisir ce roman pour mon premier JCO mais j’en ai lu tellement d’avis divergents que ça m’a perdue. Je cherche encore mon premier JCO du coup.
Choup a dit:
ses nouvelles peut-être? tu as aussi La fille tatouée, assez âpre dans le genre. j’aurais dit que Les Mulvaney était assez abordable, elle a souvent des romans très rudes, comme Un livre de martyrs américains.
anne7500 a dit:
Mon premier, c’est Les Chutes, inoubliable (un début terrible !)
Choup a dit:
j’avais adoré ce roman, un gros coup de coeur à l’époque, juste après Les chutes avec lequel je l’avais découverte.
anne7500 a dit:
Tout pareil pour moi 😉 Je serais bien tentée par Blonde maintenant (mais pas tout de suite).
Choup a dit:
ah oui, Blonde. Mais quel pavé!
sylire a dit:
Lu il y a plusieurs années et j’avais beaucoup aimé !
anne7500 a dit:
Peu de romans de JC Oates laissent indifférent, je crois.
coupsdecoeurgeraldine a dit:
Dommage que ce soit un pavé, car cette histoire aurait pu être une bonne porte d’entrée pour que je découvre enfin cette romancière.
anne7500 a dit:
Il y en a de plus courts et très bien. Je pourrais te conseiller Nulle et Grande gueule par exemple (chez Folio).
claudialucia ma librairie a dit:
Que j’avais aimé ce roman ! Je l’ai lu il y a longtemps mais son souvenir est très précis et je n’ai trouvé aucune longueur ! C’est un de mes préférés de Oates avec Les chutes. Il a été écrit avant l’époque du Me too et dit bien ce qu’étaient les mentalités dans les années 70.
anne7500 a dit:
Tu as vraiment tout dit, nous sommes raccord 😉
Athalie a dit:
Un roman que je n’ai jamais oublié non plus, tant la lumière que dégage la famille est montrée comme artificielle lorsque le drame les défait … les bons et gentils Mulvanney se détourne de la brebis galeuse dès lors qu’elle ne brille plus du même éclat. Un roman terrible sur la famille ( je ne pense pas que la nationalité soit vraiment importante, pour ce roman là de l’auteure en tout cas.)
anne7500 a dit:
Il y a quand même la grande exigence américaine d’avoir une vie sociale et sportive, par exemple être pom pom girl. Mais oui, c’est un roman terrible sur la famille.
Tania a dit:
Un titre que je note illico, ton billet me met en appétit.
anne7500 a dit:
Si tu apprécies cette autrice, tu ne devrais pas être déçue.