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Présentation de l’éditeur :

Dans une ville de province aux faux airs de Far West un garçon tendre et curieux découvre qu’il n’est pas le seul à se sentir isolé.
Un garçon et une fille s’éprennent tandis que la caissière cherche laborieusement le code-barres d’une boîte de maquereaux. Il s’attache à un collègue en manutentionnant des palettes de conserves pour animaux. Puis il remercie la propriétaire de son petit appartement pour la tarte aux pommes qu’elle lui apporte. En un mot il apprécie la vie telle qu’elle est. Mais, s’il a bien compris que les chiens ne volent pas – contrairement aux claques – il ignore encore l’usage que l’on peut faire d’un revolver.
Avec un sens de l’économie du récit sidérant, Guillaume Siaudeau nous raconte le sourire aux lèvres l’épopée ordinaire d’un doux rêveur qui se lance dans la plus belle des aventures, celle qu’il appelle « le monde et moi ».

Si vous avez aimé Nos cheveux blanchiront avec nos yeux et Ici ça va, les deux romans de Thomas Vinau, ce premier roman de Guillaume Siaudeau (dédicacé à… Thomas Vinau) ne pourra que vous plaire.

C’est de blessures d’enfance, de blessures d’amour qu’il est surtout question ici, une enfance marquée par la nostalgie d’un chien perdu sur une falaise, les claques qui venaient trop souvent « caresser les joues » des enfants quand les parents se sont séparés, les ailes en carton qui favorisaient les rêves à défaut d’évasion. Une enfance que le narrateur a peut-être cru retrouver quand il est tombé amoureux d’Alice, quand il a travaillé en équipe avec Arny. Mais les affres de la dépression, la pression de la routine et des conventions ont aussi éloigné de lui ces gens qu’il aimait. Alors, mystérieusement, c’est dans la compagnie d’un flingue qu’il a trouvé un réconfort, une présence physique… Le temps de laisser revenir les rêves, le temps peut-être d’accepter la fin de ce monde de l’enfance (c’est ça qu’on appelle grandir ?) que les tartes aux pommes de la proprio ressuscitaient pour un temps…

Cette consolation offerte par un revolver peut paraître complètement loufoque, mais si on laisse ce narrateur sans nom nous prendre par la main, on peut y croire sans problème. Se laisser toucher par la solitude, compagne tellement difficile à apprivoiser, qui hante les jours du jeune homme. C’est ce que j’ai fait, séduite par la poésie, l’ironie douce et la mélancolie qui se dessinent sous la plume de Guillaume Siaudeau.

L’auteur a déjà publié plusieurs livres de poésie (pas étonnant !), il a créé une revue de poésie, Charogne, et vous pouvez découvrir son univers sur son blog. Et vous l’aurez compris, je ne pouvais pas être objective avec cette référence à Thomas Vinau !!

« Le départ de maman a eu quelques effets sur le comportement de papa. Lui a raccourci un peu le sourire, a fait trembler ses mains et rendu ses gestes plus approximatifs.

Une fois que maman est partie de la maison, il est arrivé souvent que les mains de papa deviennent complètement folles. Dès que quelque chose n’allait pas droit ou que ma soeur et moi faisions un pas de travers, papa venait se les essuyer sur nos joues. Comme si ses mains avaient été engagées par sa raison pour faire le sale boulot. Il arrivait aussi que ses pieds se pointent en renfort. Deux arées valaient mieux qu’une pour faire régner l’ordre dans la maison. » (p. 20)

« Je me rendais le long du fleuve et m’asseyais toujours sur le même banc. Un banc en bois qui semblait n’avoir jamais connu de panneau « Attention peinture fraîche ».

Et depuis le vieux banc usé j ’observais le crépuscule s’ouvrir, persuadé qu’il ne fleurissait que pour moi et les quelques boulangers de la ville déjà en service. De
temps à autre un bateau passait, laissant des traces d’écume derrière lui, que l’eau effaçait aussitôt. Pas un seul matin je n’ai hésité à nager jusqu’au pre­mier bateau de passage, pour foutre le capitaine par dessus bord et prendre la poudre d’escampette. Les automobiles passent leur vie à tourner en rond, quand les bateaux prennent le large. Il n’y a pas plus libre qu’un bateau qui laisse des traces dans l’eau. 

Je me contentais pourtant de rester assis sur le banc à fomenter mes petits hold-up fluviaux.

J’attendais ici quelques heures, que la ville recom­mence à déblatérer, et qu’elle avale d’un coup toute la solitude présente dans l’air. Puis je m’en retournais vers mon appartement, poussé par les premiers rayons du soleil. » (p. 36-37)

Guillaume SIAUDEAU, Tartes aux pommes et fin du monde, Alma Editeur, 14 août 2013

J’ai lu ce livre pour le jury de la Rentrée littéraire Fnac. Merci aux éditions Alma et à la Fnac pour l’envoi de ce livre !

Et c’était une lecture commune avec Jérôme qui, je crois, a apprécié cette tarte aux pommes : découvrons vite son avis !

On en parle aussi (très bien) ici.

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