Présentation de l’éditeur :
Antonio José Bolivar Proaño est le seul à pouvoir chasser le félin tueur d’hommes. Il connaît la forêt amazonienne, il respecte les animaux qui la peuplent, il a vécu avec les Indiens Shuars et il accepte le duel avec le fauve. Mais Antonio José Bolivar a découvert sur le tard l’antidote au redoutable venin de la vieillesse: il sait lire, et il a une passion pour les romans qui parlent d’amour, le vrai, celui qui fait souffrir.
Partagé entre la chasse et sa passion pour les romans, le vieux nous entraîne dans ce livre plein de charme dont le souvenir ne nous quitte plus.
Ce premier roman de Luis Sepulveda traduit en français a été publié en 1988 par son auteur et en 1992 en France. Il a été traduit en 35 langues et lu par des milliers de lecteurs dans le monde. Et voilà, je le découvre seulement maintenant. Difficile sans doute d’en dire quelque chose qui n’a pas été dit, je me contenterai de quelques lignes.
« Le ciel était une panse d’âne gonflée qui pendait très bas, menaçante, au dessus des têtes. Le vent tiède et poisseux balayait les feuilles éparses et secouait violemment les bananiers rachitiques qui ornaient la façade de la mairie. »
Ah ce tout début ! Bonheur de découvrir une histoire, d’entendre littéralement la voix de l’auteur conter cette histoire à la fois resserrée (elle ne fait que 130 pages en français) et riche, par la plénitude de l’expérience d’une vie d’homme, par la fantaisie et l’humour déployés par Luis Sepulveda et par la luxuriance de la forêt amazonienne. On sent la pluie noyer le paysage, on entend la végétation qui pousse à toute vitesse, on observe, médusé, les insectes nettoyer un cadavre en quelques heures, on a les oreilles aux aguets, à l’affût d’un animal dangereux, on hume les parfums lourds… on est débordé de toutes parts par une nature puissante, où l’homme est un être tellement petit, démuni…
Dans cette forêt immense, Antonio José Bolivar a acquis une sagesse enviable, enseignée par les Indiens Shuars. Mais il garde au coeur la blessure de n’avoir pas su laisser son ami Nushino partir en paix au royaume des morts. Heureusement, il peut vivre en bonne intelligence avec la nature, c’est-à-dire en la respectant, et les romans d’amour qu’il déchiffre patiemment l’aident à vivre, à vieillir, tout simplement. Face à lui, d’autres hommes, quelques-uns aussi modestes que lui, peut-être moins adaptés, et surtout beaucoup d’autres moins respectueux de la forêt et des richesses végétales et animales qui la peuplent, tout juste motivés par l’appât du gain et le goût du pouvoir.
Finalement, cette chasse de la femelle jaguar dont on a massacré les petits devient une parabole de la monstruosité des hommes en Amazonie mais aussi une parabole de l’humanité que représente le Vieux : sa sagesse et son expérience, son intelligence, son humilité, sa sensibilité à « l’autre amour, celui qui fait souffrir » le rendent dignes d’affronter l’animal et de retourner vivre en paix auprès « de sa cabane et de ses romans qui parlaient d’amour avec des mots si beaux que, parfois, ils lui faisaient oublier la barbarie des hommes ».
Luis SEPULVEDA, Le Vieux qui lisait des romans d’amour, traduit de l’espagnol (Chili) par François Maspero, Editions Métailié, 1992 (et Suites, 2004)
J’ajoute cette lecture au challenge d’Argali sur les livres qui parlent de livres et à celui d’Eimelle pour la littérature d’Amérique du Sud.
C’est un court écrit extrêmement fort : il est un de mes rares coups de cœur littéraires. Je lui trouve la même force que Des souris et des hommes de Steinbeck. Bises
Steinbeck, aussi un auteur qu’il faut que je lise, me dis-je (c’est une lacune).
Voilà un livre que je veux relire ! Je sais que j’avais beaucoup aimé mais je n’en ai pas gardé beaucoup de souvenirs. C’était il y a si longtemps…
Je pense qu’on prend autant de plaisir à le relire.
Je l’ai offert à quelques personnes. Marquant ! J’avais adoré : c’était il y a pas mal de temps mais les bonnes choses ne se démodent pas.
Oui, un classique.
je me suis régalée avec ce livre que j’ai à la fois lu et écouté
Je n’aime pas écouter des romans… je n’en ai pas envie, plutôt. Mais la lecture de celui-ci fut un grand plaisir.
Je te rassure, je ne l’ai pas encore lu non plus. Ce titre m’est venu en tête il y a peu aussi, grâce au héros de La tête en friche de Marie-Sabine Roger qui l’a compté dans son apprentissage de la lecture!
Je me souviens en effet ! Eh bien tu as de la chance, il te reste encore à découvrir ce livre 😉
On l’avait etudie au college celui la! Sans ton article, je ne me souviendrai meme plus de l’histoire, il faudrait que je le relise. Tout ce dont je me souviens c’est qu’a chaque passage « chaud » (a garder a l’esprit que c’etait quand j’avais 13/14 ans), c’etait le prof de francais qui voulait lire a haute voix ces passages et il le faisait avec un pti sourire de celui qui sait…
Des passages « chauds » ?? Ca doit être l’âge, je n’ai pas eu cette impression 😉
oui c’est ce dont je me souviens haha et c’est bien pour ca que je mets des » » parce que si je le relisais aujourd’hui je n’y verrais peut etre rien du tout. Sensuels peut etre plutot que chauds?
Je ne l’ai pas encore lu non plus mais voilà qui aurait été bien pour le mois espagnol de Sharon, flûte, je le re-note ! 😉
Oula sacrilège ! 😉 Luis Sepulveda est Chilien d’origine. Certes il a été chassé de son pays par la dictature et il vit en Espagne, mais quand même… ce n’est pas du tout un roman espagnol. Il raconte à la fin comment l’histoire a mûri en lui pendant de longues années, après avoir réellement passé trois mois dans la forêt avec des Indiens Shuars.
Je le vois régulièrement sur la Blogo… il va falloir que je le lise …
Un must, oui.
Un roman qui m’avait fait forte impression quand je l’avais lu.
Comme à beaucoup de gens, je suppose.
A lire et à relire…!
Ca doit être un des classiques qu’on prend plaisir à relire.
Je me souviens peu de l’histoire, plutôt des paysages…
Je crois que je garderai sûrement des impressions sensorielles aussi, notamment les pleurs de la femelle jaguar qui a perdu ses petits et son mâle…
Un sacré conteur que cet auteur. Un coup de coeur que ce roman.
Beau billet dame Anne.
Merci, Suzanne ! Bon week-end.
Décidément, il va falloir que je le relise parce que je suis passée complètement à côté à la première lecture. Je suis une des rares à ne pas avoir été emballée.
Ca peut arriver, ne te sens pas trop seule 😉
Sepúlveda, mon amour… C’est avec ce roman que j’ai fait la connaissance du « Monsieur ». En septembre 2012 (http://litterauteurs.canalblog.com/archives/2012/09/18/25470559.html)
Depuis cette date, mon admiration pour l’écrivain n’a jamais cessé. Pour l’homme, un peu moins : je l’ai rencontré au festival America… il a tout l’air d’un ours mal léché.
Mais peu importe ; ce qu’il écrit (et comme il l’écrit) me transporte ! J’ai sous le coude « L’Ouzbek muet » et je me prépare, avec gourmandise, à suivre les péripéties de jeunes gens chiliens des années 60 du siècle dernier qui « rêvaient d’être jeunes sans en demander la permission »…
J’ai entendu parler de L’Ouzbek muet à Livrés à domicile, mais j’ai toujours Les roses de l’Atacama à découvrir… J’ai vu aussi le monsieur à Vincennes en 2012 (et toi aussi en vrai 😉 )
😀
il va quand même falloir que je me décide à le lire! Merci pour le challenge!
Pour une fois que je mets encore des logos de challenge sur un billet, tu te rends compte ! (Fin août, je vais en Argentine, je me fais une petite semaine thématique.)
je suivrais avec plaisir tes article!
Un « classique » que je n’ai encore jamais lu !
Tu vois, il y a de l’espoir, je viens seulement de le faire !
Belle lecture 😀 ( et, oh que oui, je vote pour » Les roses d’Atacama « , le même auteur, le même engagement, en chroniques cette fois, j’attends maintenant cette seconde lecture ^-^ )
Tu me mets la pression ! Un peu de patience, tu sais que j’aime laisser un peu d’espace entre deux lectures d’un m^me auteur. 😉
Et tu as raison. Et tu viens de me faire sortir un Sepulveda de ma pile, y’a de l’idée ^-^
Quel livre, mais quel livre !
😉