Ils se sont rencontrés un soir, dans un hôtel de Monaco. Au petit déjeuner, ils se sont racontés. Et puis elle est repartie à Montréal, et il a regagné Ramallah.
Ce livre est la suite de leur conversation.
Comment ne pas résister à un tel exergue ? Comment ne pas succomber alors que la charmante Kim Thuy était présente sur le stand de la Foire du livre de Bruxelles au début de cette année ? Comment ne pas répondre au cadeau qu’est ce titre : A toi…
Lorsque je me suis présentée à Kim Thuy pour lui demander de me dédicacer ce livre, elle m’a demandé : Pourquoi ? Pourquoi celui-là ? Que répondre ? Si ce n’est qu’il m’a attirée irrésistiblement, que je sentais la rencontre évidente, que je devais lire cet échange entre elle, écrivaine québécoise exilée au Québec, boat people de dix ans et cet auteur que je ne connaissais pas, Pascal Janovjak, né en Suisse, d’une mère française, d’un père slovaque, nomade ayant vécu en Jordanie, au Liban, au Bangladesh, à Ramallah…
Une évidence ? Et pourtant, comme l’écrit Pascal Janovjak…
Tous ces hasards : si je ne t’avais pas aperçue, mal cachée derrière une colonne de l’Hermitage, en train de troquer tes talons contre des chaussures plus confortables, quand aurions-nous échangé notre premier sourire ? Et si, à la faveur d’un subit malaise, un membre du jury avait fait l’erreur de prononcer ton nom ou le mien, si nous avions gagné ce prix, à Monaco, si nous étions montés sur la scène de la salle Garnier ? Comment la lumière des projecteurs aurait-elle changé nos visages, modifié le cours du temps ? […] Et bien avant tout ça, il y a trente-cinq ans : s’il n’y avait pas eu, entre les molécules du latex, un léger défaut ?
Alors, peut-être, Kim Thuy et Pascal Janovjak ne se seraient pas rencontrés. Alors, peut-être n’auraient-ils pas eu l’idée de ce projet. Alors, peut-être, n’aurais-je pas pu savourer la beauté de leurs échanges, m’arrêter un instant pour penser la vie autrement, voyageant d’un monde à l’autre, traversant les fuseaux horaires, m’arrêtant pour regarder passer les nuages, découvrant d’autres réalités que la mienne. Alors peut-être n’aurais-je pas vibré à l’unisson de leur complicité et de leur humanité. Alors peut-être ne me serais-je pas sentie le temps de 200 pages – et encore longtemps après, je l’espère – profondément reliée à notre humanité à tous, belge, québécois, vietnamien, franco-slovaquo-suisse de Ramallah, exilé ou de souche, petit enfant autiste enfermé dans sa bulle ou lectrice curieuse de découvrir des voix du monde.
A toi, c’est un cadeau que se sont offert Kim Thuy et Pascal Janovjak. Un cadeau qu’ils ont eu la générosité de partager avec nous, lecteurs. Ne passez pas à côté
A toi, Kim Thuy et Pascal Janovjak, Liana Levi
Mina a dit:
Quel bel article pour ce si beau livre… Je l’avais lu il y a un an justement et l’aime toujours autant. Outre tout l’aspect sentimental qui y est lié pour moi, j’y avais relevé la correspondance si juste, à la fois privée et publique, dont la publication apparaît légitime et ne donne pas le sentiment au lecteur d’être un voyeur.
alexmotamots a dit:
Il serait dommage que nous passions à côté d’un cadeau, en effet.
Laeti a dit:
Un très joli article en effet qui donne envie de lire ce bijou!
Elle écrit... a dit:
A reblogué ceci sur Elle lit…et a ajouté:
Je dois mettre la main sur ce livre immédiatement!