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Archives de Catégorie: Les Mots de Nadège

Les mots de Nadège : James Ensor à Bruxelles

19 lundi Avr 2021

Posted by anne7500 in Les Mots de Nadège

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Adolescente, je me souviens avoir visité une expo consacrée à Ensor ou la maison de l’artiste à Ostende, je ne sais plus. Une chose est sûre, j’avais été assez impressionnée et marquée par les célèbres représentations de masques. Et ce qui m’a d’abord attirée vers ce livre James Ensor à Bruxelles, c’est cette couverture représentant un tableau tout à fait différent, intitulé Le Lampiste. Quelque chose m’a émue dans ce portrait et donné envie d’en découvrir plus sur ce peintre que je réduisais à ce souvenir d’étranges et sombres carnavals. Et je n’ai pas été déçue : j’ai apprécié cette plongée dans la vie du peintre. Et cela m’a même donné envie de retourner faire un tour à Ostende pour poursuivre ma (re)découverte et/ou de lire une biographie plus générale de l’artiste. James Ensor à Bruxelles est accessible à tout lecteur pour peu qu’il s’intéresse un peu à l’art.

Le jeune James Ensor arrive à Bruxelles en 1877. Âgé de 17 ans, il entre à l’Académie Royale des Beaux-Arts où il étudiera trois ans, alignant les piteux classements en peinture, récoltant des résultats honorables en dessin. Plus tard, il dénigrera l’enseignement de ses maîtres, préférant se déclarer autodidacte (de la même manière, il niera certaines de ses influences). Il sera pourtant soutenu par Jean-François Portaels, directeur de l’Académie, qui rédigera la première recension consacrée au travail de James Ensor dans la revue l’Art Moderne. Plus qu’un lieu d’apprentissage, Bruxelles sera pour Ensor un espace de rencontres (notamment Théo Hannon, poète, critique d’art et directeur de la revue d’avant-garde l’Artiste), d’expositions, d’émulation : il fera partie du groupe des XX, une association d’artistes novateurs qui durera 10 ans. Ensor, quoique séduit par cette initiative d’artistes en marge, finira par se mettre lui-même en marge de la marge lorsque certains de ses membres se laisseront influencer par le peintre pointilliste Seurat : Ensor n’admettant pas que celui-ci lui ait volé la vedette lors d’un salon.

            Sur les questions artistiques, Ensor a des avis tranchés. Par rapport à ses collègues artistes, il n’est pas excessif d’affirmer que les avis d’Ensor sont souvent injustes, partiaux et non dénués d’une certaine intolérance envers tout ce qui ne cadre pas avec ses opinions personnelles. Cette attitude amène Ensor à se brouiller avec des personnes qui, a priori, lui sont favorables et travaillent dans son intérêt. (pp. 54-55)

C’est sans doute l’une des facettes de l’artiste qui m’a le plus marquée lors de cette lecture : ce caractère, semble-t-il imbuvable, qui le pousse à renier tout influence, à garder rancune, voire à retourner ses propres manquements en « cabale envers sa personne », accusant Octave Maus, secrétaire des XX, de refuser des tableaux annoncés pourtant au catalogue de la sixième exposition du groupe :

            Ensor transformera l’absence d’envoi de ses toiles dans les temps en une cabale envers sa personne. James Ensor se complaît à jouer le rôle de la victime christique. (p. 68)

Citant David S. Werman qui compare la figure du peintre à celle de Rimbaud – l’essentiel de sa production datant d’avant 1893 -, Vincent Delannoy parle d’une œuvre basée sur un esprit de revanche jamais tout à fait accomplie.

La dernière partie analyse la question commerciale, exposant la manière dont Ensor tente de placer ses toiles et de les vendre à des particuliers et à des musées. Et s’intéresse à un acteur essentiel dans cette optique : le train. Moyen de transport qui permet à Ensor de relier facilement Ostende et Bruxelles (ou encore Paris et Liège), mais également de faire voyager ses œuvres grâce au système efficace du transport des colis par voie de chemin de fer.

Un ouvrage à recommander pour ceux qui souhaitent en découvrir un peu plus sur le personnage de James Ensor. Un connaisseur n’y apprendra sans doute pas grand chose de neuf, mais un lecteur curieux y trouvera matière à s’instruire et à en désirer plus.

James Ensor à Bruxelles, Vincent Delannoy, Samsa.

Le Mois belge 2021 Catégories Couleurs Livres (Art) et Editions du Sablon (Bruxelles)

Les mots de Nadège : Nuit. Bruit. Fruit.

12 lundi Avr 2021

Posted by anne7500 in Les Mots de Nadège

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Cactus inébranlable éditions, Timotéo Sergoï

Depuis quelques semaines, je me suis prise de passion pour les recueils d’aphorismes du Cactus Inébranlable. Des p’tits cactus qui aiguillonnent la pensée : s’y piquer, c’est les adopter !

Et joie cette semaine : arrivée d’un nouveau-né, signé Timotéo Sergoï et intitulé Nuit. Bruit. Fruit.

Ça secoue, ça dégoupille, ça poétise, ça amuse, ça bouscule !

J’ai rencontré l’univers de Timotéo Sergoï durant le premier confinement en lisant Traverser le monde avec un sac de plumes aux belles éditions Murmure des Soirs, un carnet de courts textes, instants de voyage, réflexions sur la vie et la mission d’artiste, rencontres autour du monde. Je suis tombée amoureuse de ses mots, de sa poésie, de son engagement.

J’ai poursuivi avec Apocapitalypse (Territoires de la mémoire), que je vous conseille tout autant.

J’ai cherché ses mots semés en ville à Neufchâteau et à Eghezée. Et c’est avec avidité que je me suis plongée dans ce nouvel opuscule Nuit. Bruit. Fruit. J’y ai retrouvé avec plaisir la verve de l’auteur, son « pessimisme heureux », sa tendresse, son humour et sa poésie, toujours. Qu’il est bon d’être tout à tout surprise, émue, révoltée, enthousiasmée, bousculée.

Bref, lisez Timotéo Sergoï… et frottez-vous aux incontournables éditions du Cactus Inébranlable.

Extrait de Nuit. Bruit. Fruit :

  1. – Quel jour sommes-nous ? Mardi ? Mercredi ?

– Nous sommes engourdis. Matin, midi et soir.

  • Curieux : les grandes nations se font la guerre pour des sources de sachets plastiques.
  • IL vaut mieux, IL fait beau, IL neige. IL va de soi. IL faut. IL pleut. Que fait ce type dans ton jardin ?
  • Artiste, c’est le travail d’une fourmi parmi 7 milliards. A la fois minuscule et essentiel.
  • Ce qu’il y a dans les feuilles de vignes farcies ? C’est Adam qui pourrait nous en parler…
  • – Papa, quand est-ce qu’on arrive ?

– Nous sommes nomades, mon fils, où que nous soyons, nous sommes toujours arrivés.

– Alors papa, nous posons nos valises, ici ?

– Nous sommes nomades, mon fils.

Où que nous soyons, nous ne sommes jamais parvenus.

  • La poésie est sans doute une couleur. A première vue, on ne la remarque pas. Mais son absence touche immédiatement. « Il doit y à voir des daltoniens du verbe » se dit-on alors.
  • Les mûres ont des abeilles.
  • Ne pas oublier : Avant de crever, muet, entonner un chant en langage des cygnes.

Nuit. Bruit. Fruit, Timotéo Sergoï, Cactus Inébranlable éditions

A découvrir aussi : un recueil de poésie joliment intitulé Mieux vaut en pleurire qui vient de paraître également, aux éditions Bleu d’encre.

Le Mois belge 2021 – Catégorie L’âne qui butine

Les mots de Nadège : Ce qui reste

07 mercredi Avr 2021

Posted by anne7500 in Les Mots de Nadège

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Les Impressions nouvelles, Nadine Malinconi

La rencontre avec un auteur ne se fait pas toujours à la première lecture. J’étais à l’université quand j’ai dû lire Nous deux/Da Solo de Nicole Malinconi. A l’époque, je suis totalement passée à côté. Je serais même bien incapable de me rappeler de quoi parlaient ces textes et je n’avais jamais vraiment envisagé de lire autre chose de cette auteure. Jusqu’à ce hasard, il y a quelques semaines. En déballant un colis, voici que se retrouve entre mes mains sa dernière publication en date : Ce qui reste. Pour quelle raison ai-je feuilleté ce livre ? Mystère. Un appel inconscient, sans doute. Inaudible, mais pressant. J’en ai lu quelques lignes : Dans les maisons de nos grands-parents, il y avait des napperons sur les tables et les dossiers des fauteuils […] des vitres derrière lesquelles le dehors se mettait à gondoler lorsqu’on bougeait la tête […] des crucifix suspendus au-dessus des portes d’entrée, tenant un rameau de buis entre leurs bras […] des piles d’assiettes grandes, profondes et petites, quantités de tasses, plats, saucières et soupières en porcelaine fleurie, l’ensemble nommé beau service, rangé derrière les portes vitrées des armoires des salles à manger comme s’il en avait fait partie. […]

Bref, j’ai lu tout le chapitre. J’ai commandé le livre pour moi. J’ai attendu de m’y plonger pour voyager dans le temps. Bien sûr, je ne fais pas partie de cette génération des enfants de l’après-guerre dont Nicole Malinconi fait le portrait, plutôt des petits-enfants. Mais j’y ai retrouvé un parfum connu d’une époque révolue et touché du bout des doigts de le petite enfance : les très fines épluchures de pommes de terre, les fers qui portaient bien leur nom sur les étagères, les vieux draps, les prières.

Nicole Malinconi raconte l’histoire de ces enfants nés juste après la guerre, jusqu’en 1969. Les rôles bien définis du père et de la mère, l’aura du Maître (d’école), les Vacances des enfants, les Congés payés des pères ; les secrets de famille bien gardés dont des bribes finissent toujours par échapper, mais jamais le fin mot ; les rêves de salle de bain, d’automobile, de télévision, de téléphone : On disait, c’est le progrès ; le bruit courait qu’on ne l’arrêterait pas.

Les croyances, les habitudes, les coutumes, les expressions (savoureux chapitre 20). Tout y passe, de manière presque anthropologique, mais toujours avec délicatesse. L’écriture est simple et élégante. On savoure ce court récit d’à peine 125 pages avec la sensation d’une tendre traversée des années.

Ce qui reste, Les Impressions Nouvelles, Nicolas Malinconi.

Le Mois belge 2021 – Catégorie Les Impressions nouvelles (roman publié depuis le dernier mois belge)

Un billet de Nadège : Nature morte

20 vendredi Nov 2020

Posted by anne7500 in Les Mots de Nadège

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Extrait du site de l’éditeur :

Au matin de Thanksgiving, on découvre dans le paisible petit village québecois de Three Pines le cadavre d’une vieille dame aimée de tous. L’inspecteur-chef Armand Gamache, de la Sûreté du Québec, est chargé de l’enquête. Qui pourrait souhaiter la mort d’une vieille dame aussi gentille ? Le mystère s’épaissit à mesure que l’on met au jour des oeuvres d’art que la victime a longtemps gardées secrètes. Rustiques, primitives et troublantes, ces peintures touchent différemment tous ceux qui les voient… Le premier volet d’une série qui a reçu les récompenses les plus prestigieuses.

J’ai enfin fait connaissance avec l’inspecteur-chef Armand Gamache ! Depuis le temps que j’en entends parler ! Je me suis dit que ma semaine de congé se prêtait bien à cette première rencontre et celle-ci m’a bien plu. Je ne suis pas certaine qu’il soit nécessaire d’en dire plus sur le contenu (j’ai fini par avoir l’impression d’être la seule personne sur Terre à n’avoir jamais lu Louise Penny), alors je me contenterai d’évoquer mes impressions de lecture.

J’ai apprécié l’atmosphère « à la Barnaby » (pas autant de morts à l’épisode, tout de même, en tout cas dans celui-ci !). Une petite communauté avec son club de tir à l’arc, son petit bistro familial, son concours de peinture. Et soudain, le meurtre inattendu et inexplicable de la vieille institutrice retraitée.

J’ai aimé le sympathique duo Gamache-Beauvoir et cette insupportable nouvelle recrue imbue d’elle-même, Yvette Nichol (tellement à côté de ses pompes qu’elle en devient attachante).

Et puis, j’ai savouré la lecture de certains passages bien tournés, comme ceux-ci :

Chaque année, des chasseurs tiraient sur des vaches ou des chevaux, sur des chiens ou des chats, et les uns sur les autres. Incroyablement, il leur arrivait de se tirer eux-mêmes, peut-être au cours d’un épisode psychotique où ils se prenaient pour du gibier. Les gens intelligents savaient que certains chasseurs – pas tous, seulement quelques-uns – ont de la difficulté à distinguer un pin d’une perdrix ou d’une personne. (p.11)

Cela se produit trop souvent. Généralement, la mort vient la nuit, surprend une personne dans son sommeil, arrête son cœur ou la réveille par un chatouillement, l’amène à la salle de bains avec un mal de tête atroce et inonde son cerveau de sang. Elle attend dans les ruelles et les stations de métro. A la nuit tombante, des gardiens en blanc débranchent des appareils, et la mort est invitée dans une salle aseptisée.

Mais, à la campagne, la mort vient sans invitation, en plein jour. Elle prend des pêcheurs dans leurs chaloupes. Elle saisit des enfants par les chevilles tandis qu’ils nagent. En hiver, elles les appelle sur une pente trop abrupte pour leurs jambes balbutiantes et croise les extrémités de leurs skis. Elle attend sur la rive, là où il n’y a pas si longtemps la neige rencontrait la glace, mais où maintenant, à l’insu des yeux brillants, un peu d’eau touche la rive, et le patineur décrit des cercles un peu plus larges qu’il ne l’aurait voulu. La mort guette dans les bois avec un arc et une flèche, à l’aube et au crépuscule. En plein jour, elle fait sortir des voitures de la route, et les pneus glissent furieusement sur la glace, la neige ou les feuilles d’automne aux couleurs vives. (pp. 172-173)

Nature morte, Louise Penny, Actes Sud (Babel)

Un billet de Nadège : Habiller le coeur

14 samedi Nov 2020

Posted by anne7500 in Les Mots de Nadège

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Michèle a toujours pensé, intuité, qu’un jour elle vivrait au complexe Rockhill ; ces tours qui la faisaient rêver, enfant. Quand son amie Brigitte lui propose de sous-louer l’appartement de sa tante, elle n’hésite pas une seconde : c’est là qu’elle écrira son prochain roman.

Alors qu’elle s’apprête à sortir du bus qui l’emmène au Rockhill, Michèle reçoit un appel de sa mère. Celle-ci après moult digressions lui dévoile le verdict de son dernier rendez-vous médical. Le médecin lui a prescrit de poursuive son rêve : travailler dans le Grand Nord.

Retraitée depuis cinq ans, Monique ne se résout pas à une vie de patachon. Ni une ni deux, elle s’équipe et accompagnée de son « petit poulet, Oscar », elle s’envole pour Puvirnituq pour y endosser la casquette de conseillère clinique de la DPJ au grand dam de sa fille.

A distance, mère et fille s’appellent, se « courriellent » et, d’anecdotes en souvenirs maternels, Michèle se prend à imaginer un nouveau roman, consacré à celle qui l’a mise au monde et qui, à 70 ans « porte encore en elle un espace de possibles et de mondes non imaginés. […] n’a pas le dos courbé. […] marche penchée vers l’autre, enceinte d’elle-même ».

Il y a de la tendresse, une forme de pudeur, de l’agacement, parfois, souvent. Des questions sans réponse, des réponses sans question. Des petits pas l’une vers l’autre et des volte-faces douloureuses. Une soif immense de Michèle, avide de découvrir cette femme si étonnante dont elle est issue. Un amour immense de part et d’autre qui se dit maladroitement parce qu’il n’est pas toujours simple de se dire l’amour et l’admiration de mère à fille, de fille à mère. Parce que « les mères ont ce don de prendre notre cœur en otage quoi qu’elles fassent ».

J’ai commencé ce roman avec envie, enthousiasme, impatience. Et puis, après quelques pages, un temps de flottement s’est installé avant que je prenne conscience que ce texte était comme un thé qui infuse doucement, dont les arômes éclosent lentement et qui, progressivement, à petites gorgées, vous réchauffent l’âme et le cœur. Parce qu’il n’y a pas besoin d’avoir une mère retraitée partie jouer les Inuites pour se retrouver dans cette histoire, pour lire dans le récit de Michèle Plomer les chemins et les détours empruntés par toute mère et toute fille pour se rencontrer… et se séparer aussi : combien d’efforts faisons-nous pour effacer les ressemblances avant de nous rendre compte que nous reproduisons les mêmes gestes, que nous manifestons un même trait de caractère ? … et à quel point craignons-nous la distance, voire la séparation ultime ?

 C’est ridicule à mon âge de pleurer pour sa mère.

-Au contraire. Je vis dans la terreur de perdre la mienne depuis l’instant de ma naissance, même si elle me rend dingue la moitié du temps, admet Ludmilla.

-A présent, avec sa démence, la vie de ta mère tire indubitablement à sa fin. Es-tu capable d’imaginer comment tu vivras sans elle ?

-Maintenant, non. A l’instant où elle partira, oui… je sens que je saurai faire. En tout cas, je saurai encore me tenir debout, c’est au moins ça.

-Et comment respirer.

-Ça aussi.

 (p. 197)

Habiller le cœur, Michèle Plomer, Marchand de Feuilles

Un billet de Nadège : Pour tout l’or de la forêt. Nouvelles du Québec

09 lundi Nov 2020

Posted by anne7500 in Les Mots de Nadège

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Mon programme de lectures québécoises était établi quand, en déballant une caisse de nouveautés à la librairie, je suis tombée sur ce titre : Pour tout l’or de la forêt. Nouvelles du Québec. Ni une ni deux, ce livre a rejoint ma pile. En rentrant, j’ai constaté que l’auteur était Français mais, après vérification, les Québécois d’adoption sont bien acceptés dans le challenge, je peux donc vous présenter en toute légitimité et avec enthousiasme ce magnifique recueil !

Matthieu Delaunay est, comme l’indique sa mini-présentation sur la quatrième de couverture, [n]é en 1985 […] chargé de la communication d’ONG québecoises qui œuvrent dans le domaine social. Journaliste de formation […] vit à Montréal, d’où il poursuit sa découverte du Canada. Dans l’avant-propos, il reconnaît que le Québec n’était pas une destination qui l’enchantait de prime abord, ses a priori étaient nombreux, et pourtant il avoue : [a]u risque de passer pour un amoureux éperdu, j’ai vécu là un authentique coup de foudre. Je sais qu’il dure encore, et qu’il durera toujours. 

 Cet amour pour le Québec se ressent à chaque page de ce recueil, on sent à quel point l’auteur est imprégné de ce pays, de ses habitants, de ses paysages. Mais ce recueil n’est pas qu’un éloge aveugle, car l’amour s’exprime aussi dans la dénonciation de problématiques environnementales, sociales et sociétales qui malmènent et ravagent le pays aimé (voire notre société mondiale, dans son ensemble). Pour tout l’or de la forêt est un recueil engagé, documenté, les faits et les réflexions sont énoncés et développés de manière claire, précise, brutale parfois :l’auteur tend un miroir au lecteur, car nous sommes tous responsables de ce que nous faisons de ce monde, de la manière dont nous l’abîmons et dont nous nous détruisons. Chacune de ces nouvelles est un bijou, porté par une vrai talent d’écriture littéraire, ce qui ne gâche rien. Je n’ai pas envie de vous les raconter, j’aurais peur d’en dévoiler trop, mais je donnerais peut-être une mention à la première qui a l’originalité de donner la parole à… une baleine (!) menacée dans le golfe du Saint-Laurent. Et à « La Geôle », dont le narrateur, patriote condamné à mort, couche sur papier ses dernières pensées. Je ne peux pas vous la retranscrire, mais juste pour vous donner une idée de cette splendide écriture, en voici quelques lignes :

On vient de cogner plusieurs fois à la porte. Il est l’heure de gagner la potence, qui tend ses cinq bras battus par le vent. Il me reste quelques minutes pour dire une prière et mes derniers mots à qui je souhaite. Mais il n’y a que toi, mon cher ami, lecteur de ces ultimes phrases. A l’article de la mort, à l’endroit des vivants, plus qu’un conseil : je veux te mettre en garde.

Tu verras, mon ami, on va te discréditer pour ta violence, pour ton extrémisme, pour tes façons brutales, et l’on fera mine d’être effrayé en implorant le retour au dialogue. On t’humiliera quand tu pleureras et on te demandera, poliment bien sûr, de continuer de ramper en t’expliquant qu’être à genoux est la position la plus enviable qui soit. Quand tu grogneras, on te matera pour que tu te tiennes bien sage, bien civilisé dans ton chenil avec tes congénères ! A la niche, le manant ! Au cachot, le délinquant ! Ceux qui sont parvenus aux étages supérieurs à force de courbettes tiendront sur toi des discours convenus. Oubliant que leur père et leur mère ont été de ta classe, de serviles intellectuels te prendront de haut, boursouflés de savoir, couards incapables de mettre leur peau en jeu pour leurs idées. (p.46)

Pour tout l’or de la forêt, Matthieu Delaunay, Transboréal, 2020

Un billet de Nadège : Congo

25 samedi Avr 2020

Posted by anne7500 in Les Mots de Nadège

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Défi réussi ! Après un peu plus de quinze jours, j’ai terminé Congo. Une histoire de David Van Reybrouck. Un essai passionnant ! Je ne pensais pas un jour avoir le courage de me plonger dans cet épais volume. Ni le courage, ni l’intérêt, d’ailleurs… oui, j’avoue que l’Histoire du Congo, même intimement liée à l’Histoire de la Belgique ne suscitait en moi absolument aucune curiosité… faute avouée à moitié pardonnée, voilà, c’est fait ! Et puis, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis !

Question : pourquoi ai-je décidé de m’attaquer à cette brique, alors ? Eh bien, parce que, il y a un ou deux « mois belge », j’avais lu Le Fléau du même auteur. Comment et pourquoi ce livre s’était retrouvé dans ma pile, je ne m’en souviens plus. Mais je me souviens à quel point j’avais adoré cette histoire de termites et d’obscur plagiat supposément commis par Maeterlinck (je le relirais d’ailleurs bien un jour !). Après cette lecture complètement improbable qui m’avait complètement emportée, je m’étais dit que si le bonhomme réussissait à m’intéresser ainsi, je tenterais quand même bien un jour de lire son livre sur le Congo.

Et et et… waouw ! Mais comment fait-il ? Je pense décidément que David Van Reybrouck pourrait m’intéresser à n’importe quoi. Me raconter l’histoire de l’annuaire téléphonique, pourquoi pas ?! Il est fascinant. C’est un essai historique, oui (genre vers lequel je me tourne assez peu, je le reconnais), mais c’est un vrai roman ! « Une histoire », comme le dit le titre. Et à raison d’un chapitre par jour, c’est devenu pendant la première quinzaine du mois d’avril un rendez-vous quotidien que j’attendais avec impatience : un feuilleton  avec ses personnages, ses décors, ses intrigues… Dans lequel j’avais envie d’avancer tout en souhaitant qu’il se prolonge sans cesse. Car l’écriture de David Van Reybrouck emporte, coule et sa manière de raconter son enquête, de rapporter ses rencontres, donne l’impression de partir avec lui à l’aventure, en quête de cette H/histoire. Bref, je n’ai qu’un mot : GENIAL !

Congo. Une histoire, David Van Reybrouck, Actes Sud.

Un billet de Nadège : L’Année du chien

17 vendredi Avr 2020

Posted by anne7500 in Les Mots de Nadège

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Tout commence entre Paul et Ava un soir d’automne à la fin des années ’90 lors de la projection d’un film d’art et essai. Une bourde de Paul dont Ava ne lui tiendra pas rigueur, suivie d’une nouvelle rencontre dans le même ciné-club une semaine plus tard. Paul a 27 ans, Ava 29.

Leur amitié se construit sur leur goût partagé pour le cinéma et la littérature, ainsi que sur les cendres encore fumantes de leurs ruptures amoureuses : Paul est en instance de divorce (un premier amour d’adolescent n’ayant pas survécu à l’entrée dans l’âge adulte) ; Ava sort d’une passion dont elle n’a pas supporté l’essoufflement au bout de cinq années de vie commune. Mais Paul et Ava, c’est aussi le grand écart : il est prof d’anglais et de néerlandais ; Ava est médecin du travail aux Chemins de fer. Il aime son confort, mène une vie plutôt prévisible, voire carrément plan-plan, vieux avant l’heure (j’ai dû plusieurs fois me rappeler qu’il avait 27 ans!), rêve à une relation amoureuse et intime plus qu’il n’est capable d’en vivre une – toujours rebuté par l’un ou l’autre détail insignifiant et un tantinet rigide, voire froid, dans la manière dont il vit, ou du moins décrit, ses expériences. Elle est fougueuse, impulsive dans tous les domaines, et recherche à tout prix la passion amoureuse, refusant de la voir inéluctablement disparaître. Ces tempéraments différents aboutissent à la même conclusion : aucun des deux ne parvient à s’engager réellement.

C’est cette amitié aussi soudaine qu’intense, et leur parcours amoureux chaotique que nous suivons durant quelques mois : Paul jouant le rôle de pilier inébranlable dans la vie d’Ava ; Ava apportant à Paul de la vivacité et de l’inattendu dans son quotidien insipide.

***

C’est avec curiosité et appréhension que j’ai commencé cette lecture : j’ai tellement aimé Courrier des tranchées du même auteur que je redoutais d’être déçue. Une chose était claire : je devais absolument mettre de côté Courrier des tranchées afin de laisser toute sa chance à ce roman. Une autre chose est certaine : L’Année du chien ne vaut pas Courrier des tranchées (c’est la troisième fois que je cite ce titre en un paragraphe, j’espère que vous avez tous compris qu’il faudra vous jeter dessus et vous plonger dedans dès que possible ! *attendez la réouverture des librairies indépendantes, s’il vous plaît !*).

Bref ! L’Année du chien. Si on excepte une couverture assez nulle (ce n’est que mon avis, mais c’est dommage : Courrier des tranchées, j’avais eu envie d’y entrer grâce à la couverture… Quatrième citation, vous avez bien noté, cette fois ?), je suis rentrée assez vite dans le roman et j’ai pris plaisir à retrouver Paul et Ava pendant quelques soirs. Paul, agaçant et sympathique, mais qu’on a sacrément envie de secouer (enfin, que j’avais sacrément envie de secouer) ; Ava, stimulante et touchante, dont on sent à la fois les failles et la lutte permanente (et souvent vaine) pour ne pas retomber dans ses travers. J’ai apprécié ma lecture jusqu’à l’arrivée de Bénédicte (environ aux deux tiers). Bénédicte, c’est une « conquête » de Paul. J’ai trouvé cette partie très artificielle et peu crédible. Cela dit, j’ai à chaque fois trouvé ses « conquêtes » artificielles et peu crédibles (artificielles, elles le sont par la force des choses). Peu crédibles… ? Je n’arrive pas à déterminer si ce sentiment vient du fait qu’elles ne le sont vraiment pas (ce qui serait ennuyeux) ou s’il émane de la manière dont Paul les décrit, de manière très froide, presque sans affect. Là où les rencontres d’Ava peuvent paraître tout aussi improbables, mais il y a une forme de fantaisie et d’érotisme dans la manière dont celles-ci sont évoquées ou suggérées qui les rend plus plausibles. Paul est emprunté, donc rien ne semble naturel dans ses descriptions ; Ava est spontanée, si bien que tout semble possible la concernant. Dans ce cas, ce serait finalement assez bien réussi !

Du coup, je suis ennuyée parce que je ne parviens pas à déterminer réellement si j’ai aimé ou non ce livre (oui, ça me démange de citer une cinquième fois Courrier des tranchée… ben voilà, c’est fait…). Sans doute devrai-je le laisser décanter et tenter de me détacher de son prédécesseur qui fait encore vibrer mon coeur*.

*Entre les deux, il y a eu Taxi Curaçao, mais j’avais fait l’impasse par peur de la comparaison.

L’Année du chien, Stefan Brijs, Héloïse d’Ormesson

Un billet de Nadège : Le pique-nique des Hollandaises

14 mardi Avr 2020

Posted by anne7500 in Les Mots de Nadège

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Le Pique-nique des Hollandaises, d’Alain Berenboom. Quand j’ai trouvé ce roman dans la boîte à livres de mon quartier, je me suis dit que ça tombait bien étant donné que le mois belge allait commencer, que je n’avais jamais lu cet auteur et que ça avait l’air sympathique, distrayant, parfait pour occuper quelques heures de confinement.

 Quand je l’ai commencé, j’ai tout de suite pensé que ça allait me plaire, j’aimais bien le ton un peu goguenard. J’avais même noté rapidement un passage, dès les deux premières pages :

 Accompagner un cercueil de Varsovie jusqu’en Hollande par le train n’a rien d’une croisière mais, grâce à sa préparation minutieuse, aucune complication sérieuse n’avait troublé son voyage. Et Van Loo comptait bien qu’il se poursuive ainsi jusqu’à l’inhumation à Nimègue. Son cadavre était honnête, déclaré et emballé conformément  aux règlements communautaires, à la loi polonaise (c’est là que l’humain s’était transformé en cadavre), à la loi hollandaise (c’est là que le cadavre retrouvera les siens) et à la bienséance. Rien ne devait l’empêcher de circuler librement à travers l’Europe. Selon une théorie communément admise, les frontières ont été supprimées en Europe. Selon un autre théorie, les formulaires en exemplaires multiples et en neuf langues les ont avantageusement remplacées.

Ce passage a l’avantage en plus d’être amusant et bien écrit de résumer l’intrigue (Van Loo, diplomate de son état, est chargé d’accompagner un cadavre de Varsovie à Nimègue) et de présager que la mission du personnage principal ne sera pas simple (et heureusement, sinon, il n’y aurait pas de roman !).

Tout s’annonçait bien, donc ! Si ce n’est qu’après être péniblement arrivée à la moitié du livre (j’ai fait un effort), j’ai fini par jeter l’éponge : la vie est trop courte pour s’ennuyer dans un roman et la PAL trop fournie pour ne pas profiter du temps libre dont je dispose en ce moment afin de l’élaguer.

Alors, pourquoi ce roman ne m’a pas plu ? C’est une bonne question à laquelle j’ai tenté de répondre. Et la meilleure explication que j’ai pu trouver après un certain temps de réflexion, c’est que ce livre n’a malheureusement pas été écrit par Arto Paasilina.

Le Pique-nique des Hollandaises, Alain Beerenboom

Un billet de Nadège : A la recherche de Marie

10 vendredi Avr 2020

Posted by anne7500 in Les Mots de Nadège

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Après avoir planté là les Hollandaises et leur pique-nique [note de la coloc; : référence à un billet à paraître mardi], je suis partie A la recherche de Marie avec Madeleine Bourdouxhe. Cette auteure belge, née en 1906 et décédée en 2006, a notamment écrit La Femme de Gilles qui fut adapté au cinéma il y a quelque années. Je ne l’avais, pour ma part, jamais lue et c’est avec un grand plaisir que j’ai découvert son écriture sans fioriture, claire et sensible.

Initialement publié en 1943, ce roman fut réédité en 1989 sous le titre Wagram 17-2. Marie attend Marie, avant de reparaître en 2009 chez Actes Sud (l’édition que j’ai lue). En réalité, les deux titres de ce livre lui correspondent bien, évoquant d’une certaine manière l’évolution du personnage principal.

Jeune femme rangée, mariée à Jean qui la traite comme une enfant – mon petit par ci, mon petit par là, Dieu que c’est agaçant – et dont elle s’occupe comme le ferait une mère, Marie est douce, effacée, prévisible, heureuse semble-t-il : Marie s’attend elle-même. Le roman s’ouvre sur une scène de plage : Marie et Jean sont en vacances au bord de la mer. Jean part se baigner, Marie reste sur le sable. Et c’est là qu’un événement a priori insignifiant va bousculer sa vie :

Elle l’aperçoit de dos, il paraît très jeune. A demi caché par d’autres rochers, il s’apprête pour le bain. Ses cheveux sont noirs, un peu flous, ses épaules sont maigres, mais semblent fermes et nerveuses. Maintenant, il marche sur les pierres, tête baissée, saute, remonte un peu sur le sable dans la direction de Marie. Il relève la tête, et le regard de Marie rencontre le regard de ces autres yeux. C’est elle qui la première bat des paupières et détourne la tête (pp. 11-12)

 Rentrée à Paris, Marie retrouve ses habitudes et s’interroge :

 Comme tout semble étrange… Est-ce que les choses ont changé ? Non. Les meubles, les objets ont ce même aspect familier et précieux, ce même halo que leur confère le cœur, et l’amour de Marie est identique à ce qu’il a toujours été. Les choses et les sentiments n’ont pas changé. Mais ils ont été confrontés. (p.33)

 Même si elle tente de s’en défendre au départ, Marie bifurque de sa voie bien tracée et part progressivement à sa propre recherche, en s’éveillant à son corps de femme et à son désir. Alors qu’elle semblait eau dormante, Marie révèle un feu intérieur, qui transparaît dans ses boucles rousses qu’elle promène sans chapeau, son sourire qu’elle offre au tout venant, ses audaces, son bonheur d’être seule avec elle-même lorsque Jean s’absente, disponible à l’inattendu. A la vie, en somme, comme elle le formulera magnifiquement : A toi d’aimer, à toi de vivre. Exiger de la vie, c’est-à-dire exiger de soi-même. (p.152)

Ce court roman à la fois pudique et sensuel est une merveille de notre littérature que je vous invite vivement à découvrir !

A la recherche de Marie, Madeleine Bourdouxhe, Actes Sud.

 

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