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Présentation de l’éditeur :
Médecin venu du Sud, Julien soigne les gens du Nord avec compassion, « à l’ancienne », en ayant autant à cœur la personne que le traitement de la maladie qui l’affecte. Mais il lui manque quelque chose, dans ce Nord : sa fille, restée au Sud. Sur un coup de tête, il entreprend d’aller la retrouver en motoneige, de traverser l’implacable désert blanc, qui, soudain, brise l’élan de son rêve fou. Incapable de poursuivre son voyage à cause d’un bris mécanique, il apprend à survivre seul dans ce froid immense, mais à quel prix ? Se nourrir, se réchauffer, croire en soi afin que l’impossible printemps arrive et permette de terminer son périple.
Peut-être aussi que, pour survivre à un tel froid, il faut la chaleur d’une certaine foi. Et la présence d’un certain renard, qui ressemble à s’y méprendre à celui d’un certain Petit Prince…
C’est l’histoire d’un honnête homme qui a déjà trouvé des réponses à une part de son « mal être » (il quitte régulièrement le Sud du pays pour aller pratiquer la médecine dans le Nord, de manière plus humaine, en communion aussi avec la nature) mais qui n’a pas encore trouvé l’équilibre qui comblera ses béances. Ecartelé entre ce Nord où une compagne aimante lui demande un enfant et ce Sud où vit sa petite fille Marie, qu’il veut rejoindre sur un coup de t^te, il se retrouve suite à un accident plongé dans l’entre-deux, perdu dans une étendue glacée immense. Confronté à ses limites, il réussit à tenir pendant deux mois en chassant, en trouvant une cabane pour s’abriter, et aussi avec l’aide mystérieuse d’un renard presque apprivoisé qu’il surnommera Alex. A ce moment-là, sa communion forcée mais toujours poétique avec la nature tient d’une spiritualité bien nécessaire pour survivre.
Quand il décide de repartir, avec un traîneau qu’il a bricolé lui-même, le renard semble le conduire vers une autre cabane (plus proche de la « civilisation ») où vit un homme seul. Et c’est cette rencontre qui donnera à Julien la clé de cet équilibre dont il a soif depuis si longtemps.
Bon, il me faut avouer que j’ai trouvé le personnage un peu exalté et certaines coïncidences un peu téléphonées mais ce lien à la fois poétique et sauvage à la nature (Jean Désy est médecin et écrivain, poète aussi), cette quête de sens qui trouve sa réponse à la fin sont particulièrement touchants, interpellants. C’est la juste place de la mort dans la vie qui ouvre le sens à Julien. Je relirai la poésie de Jean Désy pour y puiser là aussi de la nourriture spirituelle.
« Quand je me laisse emporter par le tourbillon de la vie humaine, je me sens exactement comme ce grand brûlé. Je n’ai plus d’âme ; je cours après mes jouissances dans des centres commerciaux et après mon repos dans des vidéos. Il suffit que certains patients passent tout près de leur mort et que je me sente responsable de leur mort pour que, chaque fois, j’aie envie de me rapetisser, de me sauver, de me libérer de ce poids de souffrance qui m’écrase le coeur et la tête jusqu’à la nausée. » (p. 22-23)
« Pour rendre visible la splendeur des lacs enneigés et empêcher qu’il soit totalement absurde de s’y perdre les jours de grands froids, il faut la parole et ses lumières, plus un peu de pain à portée de la main. Et la prière. » (p. 47)
« Alex à mes côtés, sous l’appentis, accroupi devant un feu de petite joie fait de branches d’épinette, j’ai senti que ce n’était plus la conviction de ma survivance qui me dirigeait, mais ma fille à aimer, tout comme j’aimais le monde inuit. L’idée ne suffit pas pour survivre ; il faut la foi, irrationnelle foi en la folie amoureuse qui mène toute vie. » (p. 73)
Jean DESY, Le coureur de froid, Bibliothèque québécoise, 2018 (Les Editions XYZ, 2001)
La Bibliothèque québécoise fête ses 30 ans cette année.
aifelle a dit:
Je n’en ferai peut-être pas une priorité, mais je note quand même.
anne7500 a dit:
Mais oui, ça pourrait te plaire.
keisha a dit:
Superbe couverture, mais bah, pas trop envie de le lire.
anne7500 a dit:
As you like it 😉
Nadège a dit:
Très belle couverture ! Et la thématique de la nature et la réflexion sur la mort ont tout pour m’intéresser ! Mais je vais peut-être attendre un peu : c’est aussi ce qui m’interpellait en écoutant les interviews de Lise Tremblay au sujet de « L’habitude des bêtes » et je n’ai pas été super emballée au final par le traitement. Un peu peut d’être à nouveau déçue sur le sujet dans l’immédiat.
anne7500 a dit:
Je ne lirai pas L’habitude des bêtes tout de suite alors, plutôt L’hiver de pluie.
Nadège a dit:
Merci pour la tentation… Je ne connaissais pas ce titre que je trouve très beau. Je suis allée voir de quoi il retournait et ça me tente bien (d’autant que j’ai une PAL d’hiver qui m’attend). A mon avis, j’en ferai ma deuxième rencontre avec Lise Tremblay. J’espère être plus séduite 🙂
anne7500 a dit:
Ca va sûrement te plaire, surtout pour l’hiver. Je n’ai pas compris le lien avec Lise Tremblay ?
Marilyne a dit:
Oh grand souvenir de lecture de cet auteur, mais pas ce titre, poesie et un essai.
anne7500 a dit:
Je me souviens, oui…
argali2 a dit:
Même si c’est un peu téléphoné, tu me donnes envie de le lire. Et la couverture est très belle, en plus.
anne7500 a dit:
Ca va certainement te plaire 😉
A_girl_from_earth a dit:
J’aime bien l’idée de ce livre (bien curieuse de ce renard en particulier) mais les petits défauts dont tu parles me freinent tout de même et je ne sais pas si je survivrai à la poésie du froid et de la nature.^^
anne7500 a dit:
Haha survivre à la poésie, tu me fais rire, j’adore 😉
Lili a dit:
Quel dommage que certains éléments soient téléphonés parce que, franchement, ce que tu en dis me tente beaucoup (poésie, nature, spiritualité, tout ça tout ça).
anne7500 a dit:
Disons que, comme le récit a un peu valeur de conte initiatique, peut-être que ce que je voyais comme des coïncidences trop évidentes est là pour servir le sens du texte. Ou j’étais peu réceptive au réalisme magique pour une fois 😉
alexmotamots a dit:
De la poésie québecoise ? C’est assez rare pour être noté. Merci.
anne7500 a dit:
Rare, la poésie québécoise ??? Il faut tourner sa langue sept fois dans la bouche avant de parler, pareil avec le clavier.
alexmotamots a dit:
Conseil reçu !
Nadège a dit:
En effet, la poésie québécoise est au contraire bien riche !
alexmotamots a dit:
Je n’ai pas dit qu’elle n’était pas riche. J’ai dit qu’on en parlait peu sur le blogo. Nuance.
Nadège a dit:
@ Anne : Concernant mon commentaire plus haut, je voulais dire que je ne connaissais pas le titre « Lhiver de pluie » de Lise Tremblay 😉
anne7500 a dit:
Okaaaayyyy !!!! 😉
Litterama (Les femmes en littérature) a dit:
Je ne suis pas tentée. Si les écrivains québécois évoquent beaucoup le nord, qui est une sorte d’appel ou de repoussoir, de mythe, je préfère une approche plus authentique.
anne7500 a dit:
Oh mais la lutte pour survivre en plein froid est tout à fait authentique. La spiritualité n’enlève rien à l’authentique, si ?
Litterama (Les femmes en littérature) a dit:
Bon j’ai lu les commentaires plus haut, échanges bouillonnants.
anne7500 a dit:
Bouillonnants malgré le froid, j’adore 😉
isallysun a dit:
Pas convaincue à 100%, mais si ça vient à moi, pourquoi pas. Ou sinon, comme c’est peut-être le fond de l’histoire qui ne m’attire pas à 100%, as-tu d’autres titres de l’auteur à suggérer puisque j’apprécie le style des extraits que tu as partagés.
anne7500 a dit:
Je n’ai lu que celui-ci et son recueil de poésie Chez les ours, je ne peux pas t’aider pour le moment.