Quatrième de couverture :
Intimité et autres objets fragiles explore la frontière entre la vie privée et la vie publique des êtres que nous côtoyons, dans l’indifférence ou l’indiscrétion. En cette approche de l’autre, l’oeil s’attarde au corps, à ce qui l’entoure, aux objets qui portent tous notre empreinte, nous révèlent, nous trahissent… Dix histoires où la matérialité des choses, par son silence équivoque, influence les personnages dans leur rapport à autrui, à eux-mêmes.
Oh la jolie découverte que voilà ! J’ai voulu commencer ce mois au Québec par un petit livre de nouvelles, et je n’ai pas été déçue.
Marie-Eve de Sévigny nous propose des textes assez courts, mais elle parvient à installer en quelques lignes un climat, une ambiance, un personnage, elle varie ses angles d’attaque, le ton de ses nouvelles et nous propose un regard un peu décalé sur le quotidien, sur les gens qui nous entourent, sur les petits accidents du quotidien qui nous retournent complètement… Le tout dans une écriture fluide, sensible, imagée, sans oublier un sens de l’ironie, un petit humour un peu vache parfois, qui ne fait pas de mal !
La première, Le parc Dante, m’a paru un rien moralisante mais tout le reste m’a plu. Quelques exemples ?
Intimité, qui donne son titre au recueil, met en scène une jeune femme qui recherche à tout prix la solitude pour ses vacances. Abordée par un voisin éloigné, elle va subtilement changer d’opinion sur le sens qu’elle donne à ce mot d’intimité…
Tout sucre, tout beurre nous fait entrer dans l’intimité d’un homme dont la « boîte à tartines » quotidienne est examinée avec une curiosité un peu envahissante par une collègue, si la boîte est appétissante c’est le signe d’une présence féminine solide au côtés de cet homme. Mais bien malin qui sera invité à connaître cette femme !
Dans A l’ombre, deux enfants ont leur manière bien à eux d’affronter le deuil et la perte… Une enfance pas si innocente qu’on voudrait le croire.
En seulement trois pages parfaites de justesse, Un espace migratoire retrace les saisons de la vie d’une femme, tandis que dans Le chien Jivago, un petit-fils raconte comment sa grand-mère a pu éviter de glisser vers la mort grâce à un livre (vous devinez lequel) qui a accompagné toute sa vie : c’est une nouvelle délicieuse, qui ne pouvait que séduire la lectrice que je suis !
Bien sûr, leur format court ne les rendra sans doute pas inoubliables, mais j’ai vraiment aimé découvrir ces dix nouvelles. Et j’oubliais : le parler québécois est bien présent, certaines expressions, certains mots particuliers, et ça confirme le charme certain de ce petit bouquin !
« Il y a quelque chose d’immense et d’absolu dans la nuit qui semble vouloir nous anéantir, comme si l’univers cherchait à se rabattre sur la terre pour la pulvériser.
Je sais qu’il ne faut pas croire ce que suggère l’obscurité, mais on dirait qu’en tirant le rideau sur la lumière, elle déploie celui du délire. Son silence est si dense qu’il se plisse à la manière du velours, festonné d’impalpable. Tendant l’oreille, on croirait déceler tout ce qui s’y agite : soupirs studieux, râles amoureux, luttes de félins, hululements de fous. Le plus effrayant n’est pourtant pas ce qu’on y entend, mais bien ce qu’on croit voir émerger de l’ombre. » (Une robe de chimère, p. 22)
Marie-Eve SEVIGNY, Intimité et autres objets fragiles, Triptyque
Deuxième participation à Québec en septembre et le mot Objet pour ma ligne Petit Bac francophone ! Et un cinquième recueil de nouvelles !
Asphodèle a dit:
Tu as vraiment une PAL internationale !!! Je me dis qu’il faudrait que j’approfondisse ma culture québecoise et je procrastine !!! 😉 Là tu me fais envie !!!
anne7500 a dit:
Une PAL monstrueuse surtout ! J’ai une pile d’une dizaine de livres du Québec, je n’y arriverai pas en 2013 !!
Aifelle a dit:
Je ne note pas trop de titre québécois, ma PAL est déjà assez conséquente comme ça et ils ne sont pas toujours faciles à trouver par ici.
anne7500 a dit:
Je l’ai en effet trouvé au salon du livre, stand Québec. Mais c’est une bonne mine de découvertes (sauf que parfois c’est très cher).
jerome a dit:
Je ne connais rien à la littérature québécoise, heureusement que tu es là pour combler mes lacunes.
anne7500 a dit:
Il y a de bien meilleures sources en direct du Québec ! 😉
clara a dit:
Et en plus ce sont des nouvelles !
anne7500 a dit:
Eh oui, bonne nouvelle, n’est-ce pas !
Leiloona a dit:
Ralala, et voilà que je me mets à noter des titres québécois. Euh, une deuxième vie, s’vous plaît ? 😉
anne7500 a dit:
Seulement une deuxième ? 😉
alexmotamots a dit:
Tu arriveras bien à me convaincre, un jour, de lire des nouvelles.
anne7500 a dit:
Je n’étais pas fan mais je commence à apprécier.
Nadège a dit:
J’adore les nouvelles ! Par contre, je n’accroche pas trop à l’extrait… Mais ton billet me donne envie (en plus, le Québec…). ..Un recueil qui se serait inscrit à merveille dans le programme de l’Intime Festival, il me semble, non ? L’année prochaine… ?
anne7500 a dit:
Elle n’a écrit que ça, paraît-il, c’est peut-être peu pour la faire venir du Québec.
manika27 a dit:
Hummm des nouvelles, j’en lis de plus en plus souvent avec grand plaisir …
anne7500 a dit:
Celles-ci sont particulièrement bonnes !
Venise Landry a dit:
Un recueil que j’ai vu passé, sans mettre la main dessus, pourtant l’auteure est tellement sympathique et se dévoue immensément pour la cause littéraire d’ici. Je dois le dire, les nouvelles me font toujours un peu peur ! À peu près comme les nouvelles télévisées où c’est court, brutal parfois, survole personnages et événements, et s’oublie trop vite.
anne7500 a dit:
Je commence à apprécier les nouvelles. Pour des textes où l’on a le temps de s’installer, je te conseille Le mur de mémoire, d’Anthony Doerr, ou A travers les champs bleus, de l’Irlandaise Claire Keegan. Deux livres magistraux !