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Quatrième de couverture :

Des ossements humains. Peut-on imaginer plus insolite découverte dans un paisible village de la campagne vénitienne ? De ce puzzle macabre, on reconstitue un corps ; tout porte à croire qu’il s’agit d’un fils de bonne famille disparu deux ans plus tôt. Le commissaire Brunetti est chargé d’exhumer cette affaire un peu vite enterrée. Mais les secrets aristocratiques de Venise sont bien gardés, noblesse oblige…

Dans cet opus, le commissaire Brunetti rouvre donc l’enquête sur l’enlèvement de Roberto Lorenzoni, fils du comte Lorenzoni enlevé deux ans plus tôt. En effet, on vient de retrouver son corps, du moins ce qu’il en reste, enterré dans un champ du côté de Belluno dans la campagne. Brunetti ne peut compter sur la famille : la mère, déjà très atteinte par la disparition de son fils, sombre dans le chagrin et le mutisme, le père campe sur ses positions arrogantes et Maurizio, cousin de la victime, ne collabore guère plus avec la police. Celui-ci, bien plus malin et débrouillard en affaires que Roberto, semble à la fois l’héritier tout désigné et l’auteur de l’enlèvement. Mais le flair du commissaire lui souffle que quelque chose cloche dans cette affaire…

Très vite, Brunetti fait appel à son beau-père, le comte Falier, pour tenter de comprendre les secrets de la famille Lorenzoni. Le comte est de plus en plus ouvert avec son beau-fils mais il accuse celui-ci de ne pas rendre sa fille heureuse ! Un poids énorme sur la tête du commissaire qui cherche à savoir où il en est avec Paola…

Je me répète sans doute par rapport à d’autres romans mais l’enquête est donc intéressante par ses à-côtés familiaux (Guido et Paola), par les compétences innombrables de la signorina Ellettra, la secrétaire de la questure, par l’humour toujours bien présent et par l’humanité profonde du commissaire Brunetti, sa capacité à toujours se laisser toucher par les turpitudes qu’il côtoie chaque jour dans son métier mais aussi sa capacité à prendre du recul, notamment en s’aidant de ses chers auteurs classiques. L’énigme se débloquera en examinant l’état de santé du jeune homme avant son enlèvement…

« Si jamais c’est nécessaire, lui dit-il en passant la tête par l’entrebâillement de la porte, on pourra toujours aller manger une pizza chez Gianni. »
Elle leva les yeux.
« Peu importe comment elle va massacrer ces malheureux raviolis, répondit-elle, nous allons tous les manger, jusqu’au dernier, et j’en réclamerai même une seconde portion. »
Avant qu’il ait pu protester, elle tendait vers lui un crayon menaçant.
« C’est le premier repas qu’elle prépare toute seule, et il ne pourra être que fabuleux. »
Elle vit qu’il ne renonçait pas à ses objections et lui coupa une nouvelle fois la parole.
« Des champignons carbonisés, de la pasta qui aura la consistence de la colle à papier peint et un poulet qu’elle a décidé de faire mariner dans la sauce soja et qui sera donc à peu près aussi salé que la mer Morte.
– Ta description me donne envie de me précipiter à table. »
Au moins, songea Brunetti, elle ne pourra rien faire contre le vin.
« Et Raffi? Tu vas l’obliger à manger ça?
– Crois-tu donc qu’il n’aime pas sa petite soeur ? » rétorqua-t-elle avec un ton de fausse indignation qu’il connaissait bien.
Il ne répondit pas à cette question rhétorique.
« Bon d’accord, je lui ai promis dix mille lire s’il mangeait tout.
– A moi aussi ? » lança Brunetti avant de s’éclipser. »

« Je me rappelle encore le temps ou pour quelques milliers de lires, on pouvait faire un excellent repas dans n’importe quelle trattoria ou osteria de la ville, Du risotto . du poisson, une salade et du bon vin. Rien de compliqué, simplement de la bonne nourriture, celle que les propriétaires mangeaient probablement eux-mêmes. L’époque où Venise était encore une ville vivante, où elle possédait encore une industrie, des artisans. Aujourd’hui, nous n’avons plus que les touristes, et les plus riches sont habitués à ce genre de fantaisies, Si bien que pour les séduire, il faut des plats qui soient aussi flatteurs pour l’œil. »

« Avant que la signorina Elettra, que tant d’ignorance laissait pantoise, pût commencer à lui expliquer ce qu’était un modem et comment fonctionnait l’appareil, Brunetti avait fait demi-tour et quitté le bureau. Personne ne vit, dans ce départ précipité, une occasion perdue pour l’avancement du savoir de l’humanité. »

« Il prit alors son exemplaire de Cicéron et, dans l’épître Le Bonheur, tomba sur le passage où il est question des devoirs et de la répartition des biens moraux. « Le premier est la capacité de distinguer le vrai du faux, lut-il, et de comprendre la relation entre un phénomène et un autre, et les causes et les conséquences de chacun. Le deuxième est la capacité de restreindre ses passions. Et le troisième est de se comporter en faisant preuve de considération et de compréhension dans nos relations avec les autres. »

Donna LEON, Noblesse oblige, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par William Olivier Desmond, Editions Points, 2002 (Calmann-Lévy, 2001)

Un roman italien lu pour la semaine italienne avec Eimelle.

Un titre qui fait une parfaite transition avec le mois anglais royal que je me suis concocté 😉